L’histoire des départements ministériels chargés des Marocains résidant à l’étranger n’a jamais été un fleuve tranquille. Au Maroc comme ailleurs, cela a toujours suscité des mécontents. Et pour cause. Rafik Haddaoui, en bon technocrate, n’a pas échappé aux critiques. Ses détracteurs n’ont jamais avalé le fait qu’il ait été derrière, et surtout qu’il soutienne, la suppression des circonscriptions législatives hors du Maroc qui existaient depuis 1984. Cette expérience débouchera sur l’octroi de cinq sièges à des représentants de la communauté marocaine expatriée à la deuxième Chambre du Parlement.
L’expérience, de huit ans, prendra fin en 1992 et ne sera plus renouvelée, ayant elle-même donné lieu à beaucoup de griefs.
Le passage de Lahcen Gaboune, ministre PND (Parti national démocrate) chargé des MRE, n’est presque pas retenu par les observateurs qui suivent l’évolution de la question. Avec les gouvernements Youssoufi, ce département ministériel sera purement et simplement laissé de côté. Il « réapparaîtra » avec le gouvernement Jettou II en juin 2004 et sera confié à Nouzha Chekrouni avec le titre de ministre déléguée et la tutelle de Mohamed Benaissa. Une « configuration » qui faisait déjà des mécontents parmi les RME qui estimaient avoir droit à mieux qu’un « simulacre » de ministère domicilié, comme une simple direction, au département que chapeaute M. Benaïssa.
L’USFP Nouzha Chekrouni, en plus, fait l’objet de plusieurs griefs à son tour. Lui sont reprochés notamment le manque de toute vision ou stratégie et un penchant excessif pour des déplacements qui n’ont pas débouché sur grand chose. En plus surtout d’opérations ponctuelles limitées dans le temps et que les MRE disent plutôt « intéressées », transferts de devises obligent ! Avec la création du Conseil supérieur de la communauté marocaine à l’étranger, c’est une nouvelle approche qui est adoptée pour traiter des problèmes de nos concitoyens expatriés. Ces derniers, cerise sur le gâteau, y seront dûment représentés et auront leur mot à dire car, désormais, ils ont le droit de vote et celui de se porter candidats. Tels sont les éléments de rupture qu’apporte le discours de Sa Majesté le Roi. L’autre rupture serait la disparition du ministère chargé des MRE. Cela allégerait davantage un gouvernement pléthorique qui l’a déjà été quelque part en juin 2004 quand avait été supprimé le ministère des Droits de l’Homme qui n’avait plus tellement de raison d’être après la création du CCDH et de l’IER.
Mohamed Boudarham - Aujourd’hui le Maroc