Le groupe haraki à la Chambre des représentants œuvre pour le renforcement de la protection des biens des Marocains résidant à l’étranger (MRE).
Qu’est-ce qui devrait précéder et conditionner l’autre ? L’intégration ou la nationalité ? Pour beaucoup de Marocains résidant dans des pays européens, les deux conditions se croisent et se complètent. Pour d’autres, l’accès à la nationalité est une “affaire administrative”. Sans plus.
“La nationalité de mon pays d’accueil ? Je la voulais pour deux raisons. D’abord pour bénéficier comme tout le monde des prestations de retraite, ensuite pour éviter les complications administratives”. Saïd, ingénieur marocain installé en France a obtenu la nationalité au bout de quelques années de résidence. Outre le confort administratif, ce jeune homme ne voit “rien de particulier” à être Français, Belge ou Allemand… surtout pas une facilité d’intégration. “En Europe, depuis quelques années, on met l’intégration dans toutes les sauces. L’octroi de la nationalité du pays d’accueil n’a jamais été un moyen d’intégration” assure-t-il.
Si elle ne conditionne pas l’intégration sociale, il est sûr que la nationalité du pays d’accueil est “la” condition pour une intégration politique et administrative. L’accès à la nationalité est ainsi, pour beaucoup de Marocains à l’étranger, un passeport pour plus de droits et un meilleur traitement. Quoique cela reste très relatif car bien des discriminations persistent. Pour exemple, celle dans l’accès au logement qui peine à disparaître.
“Je me sens souvent Belge et parfois Marocaine”
Bien des immigrés, notamment en Belgique, se voient refuser le logement au téléphone à cause de leur accent “pas tellement belge” au goût du propriétaire. Et la nationalité belge sur les papiers n’y changera rien. D’origine marocaine, Mimount Bouskla est membre du Sénat de Belgique. Pourtant née là-bas, elle n’a demandé et obtenu la nationalité belge qu’à l’âge de 18 ans. En la demandant, ce n’est pourtant pas l’intégration qu’elle souhaitait. Bouskla était déjà assez intégrée et cherchait en faisant sa demande à s’impliquer dans la vie politique de son pays natal et de résidence. Aujourd’hui, dit-elle “je me sens souvent Belge et parfois Marocaine”. Siégeant également au sein de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Mimount Bousakla se bat aujourd’hui pour rendre l’accès à la nationalité belge et européenne en général moins compliqué pour les immigrés, notamment les enfants. Dans son rapport intitulé “L’acquisition par l’enfant de la nationalité du pays d’immigration est-elle un moyen d’intégration ?” présenté devant l’Assemblée, la “beurette” booste une réforme de l’octroi de la nationalité qui est à l’ordre du jour au sein des pays membres de l’Union européenne. Il consiste à unifier dans l’ensemble de ces pays la procédure d’octroi de la nationalité aux étrangers. Puisqu’il s’agirait finalement d’une “nationalité européenne”. La condition la plus importante serait que le demandeur de la nationalité ait au moins cinq ans de résidence permanente dans le pays en question. En plus d’un travail légal et d’un revenu fixe. Mais pour l’heure, chacun fait selon sa législation. Pour rester en Belgique, les milliers de jeunes Marocains nés dans ce pays et qui n’ont pas encore atteint l’âge de 18 ans conservent la nationalité de leurs parents. Ayant ouvert les yeux et toujours vécu en Belgique ils restent Marocains. De nationalité, du moins. A 18 ans, ils ont la possibilité d’introduire une demande pour obtenir la nationalité belge sans obligation de passer d’examen. Il y a quelques années encore, “bien passer son examen” décidait de l’octroi ou non de la citoyenneté belge. Mimount Bousakla raconte avec humour sa propre expérience : “même née en Belgique, j’ai dû, pour obtenir la nationalité belge, passer en quelque sorte un examen. On m’a par exemple demandé si je pouvais préparer une recette belge bien précise, ce que j’ai bien sûr réussi à faire. Je n’ai pas manqué de demander ce que cette question avait à voir avec l’intégration... Trois mois plus tard, on m’a fait savoir que je pourrais obtenir la nationalité belge”. Du haut de son expérience, Mimount Bousakla se serait rendue à l’évidence que la nationalité notamment pour l’enfant, ne fait pas à elle seule l’intégration. A la question de savoir si le fait pour un enfant d’acquérir la nationalité du pays d’immigration facilite son intégration Bousakla répond : “oui et non”. Oui, car “l’acquisition de la nationalité du pays d’immigration est un moyen d’intégration”. A la fois non, car “l’intégration doit venir des deux côtés. Même si on a la nationalité du pays d’accueil, la couleur de la peau ne change pas et la discrimination peut subsister. La nationalité du pays d’accueil ne change ni le nom ni l’origine. C’est ainsi que lors de l’envoi d’un curriculum on s’arrêtera trop souvent au nom. Même si les lois sont adaptées, elles ne modifient malheureusement pas toujours les mentalités”.
Lamia BOUZBOUZ - La Gazette du Maroc
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