Le Maroc ne s’est pas vraiment attardé sur le bide d’Accra de janvier 2008. Pas le temps. Ni l’envie, peut-être, de pousser trop loin l’introspection. Henri Michel, seul, avait réglé la note d’une élimination inattendue dès la phase de poules du tournoi ghanéen (le Maroc avait terminé 3e du groupe A, derrière le pays organisateur et la Guinée).
Depuis, la sélection est passée à autre chose. « C’était difficile à vivre, mais on ne s’est pas focalisé sur cette élimination, car il fallait aller de l’avant. On avait une bonne équipe, mais ça s’est joué sur des détails. Je ne pense pas que nous étions trop sûrs de nous. Puis Roger Lemerre est arrivé et on s’est projeté vers l’avenir », explique Youssouf Hadji, l’attaquant nancéien.
L’ancien sélectionneur de l’équipe de France, qui venait de passer six ans en Tunisie avec les Aigles de Carthage a fait le tour du propriétaire dès son arrivée au Maroc le 1er juillet, après le court intérim de Fahti Jamal. A presque 68 ans, l’homme de Briquebec a placé le curseur très haut. « C’est quelqu’un qui ne laisse rien au hasard », reprend Abdeslam Ouaddou, l’autre Nancéien convoqué pour la rencontre face au Gabon, samedi à Casablanca. « En arrivant, il s’est attaché à des détails, comme les conditions de vie des joueurs au Centre Technique National de Rabat, pour qu’ils s’y sentent mieux. Il a fait installer des télés dans les chambres, les terrains d’entraînement ont été refaits, les voyages de la sélection sont mieux organisés. Ce qui m’a vraiment surpris chez lui, c’est son investissement. Malgré son palmarès, il est toujours aussi motivé. »
Ouaddou : « Le Cameroun est favori »
Lemerre, qui, aux dernières nouvelles, exècre toujours autant les journalistes français ne s’est pas contenté d’améliorer le quotidien de ses joueurs les semaines de regroupement. Il a aussi importé de Tunisie sa proverbiale exigence tactique. « Il est hyper pointu », poursuit Hadji. « Il insiste beaucoup sur le replacement à la perte du ballon. Mais cela n’en fait pas un entraîneur défensif, comme je l’ai déjà entendu. Au contraire, il aime le jeu. » Ouaddou va même un peu plus loin. « Il a une exigence tactique européenne, il demande un gros travail défensif à ses joueurs, mais il a également compris que les Africains aiment le jeu court, à une ou deux touches de balle. »
Au Maroc, où la pression populaire et médiatique est un peu plus élevée que la moyenne, une seconde sortie de route consécutive ferait mauvais genre. Les Lions de l’Atlas n’ont plus participé à la Coupe du Monde depuis l’édition française de 1998, et leurs derniers exploits sur la scène continentale, qui commencent à sentir la naphtaline remontent à 2004 et à une finale de CAN perdue contre la Tunisie de Lemerre (1-2).
Le Royaume chérifien, qui compte à peu près autant d’habitants que de sélectionneurs, ne se contentera pas d’une simple qualification pour la CAN en Angola l’hiver prochain, réservée aux trois premiers de chaque groupe. Trop fade. « On vise la Coupe du Monde », lance même Hadji. « Mais dans ce groupe, rien ne sera facile. On doit d’abord prendre un bon départ contre le Gabon. » Ouaddou, lui, préfère coller l’étiquette de favori du Groupe A au Cameroun. « Nous avons toutes nos chances. Mais le joueur marocain a parfois du mal à assumer la pression... » -
Source : L’équipe - Alexis Billebault