Monde du travail : Le Maroc épinglé

14 octobre 2007 - 19h03 - Maroc - Ecrit par : L.A

Dans son premier rapport annuel, la Confédération syndicale internationale ne ménage pas le Maroc. Elle évoque mort d’homme, exactions et licenciements abusifs de travailleurs syndiqués dans le Royaume.

Dur, dur, d’être travailleur syndiqué au Maroc ! C’est ce qui ressort du premier rapport annuel de la Confédération syndicale internationale (CSI). Sur la base de rapports reçus de la part des syndicats nationaux, cette « multinationale des syndicats » pointe du doigt le Royaume pour avoir recensé en 2006 de nombreuses pratiques jugées anti-syndicales. Des cas concrets sont donnés comme exemples.

Le plus grave concerne Moustapha Laaraj, secrétaire général du Syndicat des employés municipaux de Tiflet affilié à l’UMT. « Il a été tué au cours de la répression policière d’une manifestation (des employés des municipalités locales) tenue à Rabat le 29 juin », souligne la CSI.

« La manifestation avait été déclarée illégale et la police a eu recours à la force de manière excessive pour disperser les manifestants, blessant bon nombre d’entre eux, et tuant M. Laaraj qui avait 34 ans. Des douzaines d’arrestations ont eu lieu », précise la Confédération. Le syndicaliste tué figure parmi 144 syndicalistes tués dans le monde en 2006, selon le rapport de la CSI qui couvre 138 pays.

Dans le registre des licenciements collectifs pour cause d’action syndicale, Dewhirst Ladieswear à Tanger figure en haut de la liste noire. « Cette société a licencié 486 travailleurs (l’usine en employait 1.050) après avoir pris part à une action syndicale de protestation contre la discrimination dont étaient victimes les travailleurs syndiqués et contre les piètres conditions de travail, notamment les bas salaires et le harcèlement sexuel », relève la CSI.

Autre licenciement massif relevé, celui signalé en mars de l’année dernière. Il concerne 150 travailleurs qui avaient été licenciés par l’exploitation La Clémentine, à cause de leur appartenance syndicale.

Dans la même liste noire, Maroc Télécom a également sa place. Il lui est reproché le licenciement abusif d’Ahmed Mohcen, secrétaire général de la section de Safi du Syndicat national de la poste et des télécommunications affilié à la CDT (SNPT-CDT).

Par ailleurs, la CSI souligne qu’il existe de nombreux abus dans les zones franches. Elle déplore aussi les poursuites judiciaires qui interviennent après certaines grèves et assure qu’il y a bon nombre de violations des droits syndicaux dans l’industrie du vêtement, où plus de 70% des effectifs sont des femmes, pour la plupart âgées de moins de 30 ans...

Les constats établis par la CSI qui regroupe plus de trois cents syndicats du monde entier, ressurgiront lors de la conférence annuelle tripartite de l’OIT où chaque pays tente de vendre son image d’Etat socialement responsable. Ce qui risque de mettre à mal le Maroc.

Le Reporter - Mohamed Zainab

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