Le Maroc est le septième producteur mondial de dattes, avec un volume de 170 000 tonnes par an. Toutefois, des défis restent à relever pour le développement de la filière et satisfaire la demande nationale.
Il n’y a plus une minute à perdre. Les petites et moyennes entreprises du Maroc sont en réelle situation de danger. A moins de trois ans du démantèlement tarifaire total au Maroc, il faut sauver les meubles, ou du moins tenter de le faire.
Un groupe de chercheurs du Forum euro-méditerranéen des instituts économiques (Femise) publiera sous peu son rapport final concernant l’évaluation des politiques de mise à niveau des entreprises de la rive sud de la Méditerranée, particulièrement le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et l’Egypte.
Rien d’étonnant : le travail rend compte de la faiblesse de l’impact du programme de mise à niveau (PMN) adopté par le Maroc depuis la fin des années 1990, surtout lorsqu’on le compare à celui de la Tunisie.
« Une prise de conscience de l’inefficacité de cette politique est constatée à tous les niveaux : hommes politiques, industriels et décideurs [...] ». Lecture commune donc, mais qui devra rapidement mener vers une consolidation et une clarification du programme de mise à niveau. « Des dizaines d’entreprises disparaissent chaque mois au Maroc. Au moindre choc - ralentissement de l’économie européenne ou fluctuation de change -, on constate la vulnérabilité du tissu des PME », commente un des auteurs.
Problèmes de moyens mais aussi de gouvernance
Le premier facteur que les chercheurs pointent du doigt est l’engagement des pouvoirs publics. « Il doit être traduit par une politique plus volontariste et une mobilisation de moyens humains et financiers plus consistants ». L’accord de principe, récemment obtenu par l’Agence nationale pour la promotion de la PME (ANPME) auprès du ministère des Finances devrait permettre l’octroi d’un budget de 600 MDH, étalé sur les cinq années à venir.
Rappelons qu’à ce jour les moyens dédiés à l’ANPME étaient totalement dépendants de la coopération internationale. Tandis que, du côté de la Tunisie, un Fonds national de développement de la compétitivité industrielle est alimenté par des recettes équivalant à un point du taux de TVA.
Mais tout n’est pas seulement question d’argent. Si le Maroc veut renforcer l’action de l’ANPME, les chercheurs du Femise recommandent fortement de placer l’agence sous la tutelle de la Primature plutôt que du ministère de l’industrie et du commerce.
« Cela permettrait une négociation directe avec les finances », explique-t-on. De plus, les PME œuvrant dans les services ou l’artisanat seraient officiellement incluses dans le portefeuille de l’agence, et pas seulement celles opérant dans les secteurs de l’industrie. D’ailleurs, en Tunisie, le PMN est inscrit de manière récurrente aux réunions mensuelles du conseil des ministres, présidé par le président de la république.
Le package des prestations offertes par l’ANPME, toujours selon le Femise, aurait grandement besoin d’être revu. « La multiplicité et la diversité des instruments offerts rendent très difficile la communication avec les entreprises, compliquent la mission de l’agence et dispersent ses efforts », relève le document. Bien consciente de la situation, Latifa Echihabi, directrice générale de l’ANPME, explique que la multitude des bailleurs de fonds contribue à cette complexité.
« Chacun d’entre eux demande de la visibilité, et c’est bien normal. Mais cela nous contraint à multiplier les supports d’information, les voies d’accès à nos ressources, etc ». Heureusement, l’obtention d’un budget propre devrait permettre à l’ANPME de régler ce problème.
Le Maroc aurait dû faire un diagnostic précis des entreprises avant de fixer les conditions d’éligibilité
En troisième lieu, le travail du Forum euro-méditerranéen souligne le fait que le mécanisme de cofinancement entre l’Etat et les banques a montré ses limites, depuis sa création en 2004. En effet, à la fin septembre 2007, seulement une trentaine d’entreprises avaient pu accéder au Fonds de mise à niveau.
Finalement, les critères d’éligibilité aux programmes gagneraient, selon les chercheurs, à être homogénéisés ou du moins réaménagés. Contrairement à la Tunisie, au Maroc, une entreprise ne peut bénéficier qu’une seule fois d’un produit. « C’est comme si on offrait un traitement-choc et après, plus rien », illustre un des auteurs. Le plafonnement du financement du coût des actions de mise à niveau pour les investissements immatériels, actuellement fixé à 400.000 DH, devrait aussi être revu à la hausse.
Selon l’un des auteurs du rapport, l’erreur du Maroc a été de ne pas poser de diagnostic précis sur la population des entreprises marocaines avant de fixer les modalités d’éligibilité. Une lacune que l’ANPME tente aujourd’hui de combler à travers son baromètre, afin de mesurer la satisfaction et les besoins réels de ses bénéficiaires.
Sans perdre espoir, l’un des auteurs admet que le compte à rebours a bel et bien commencé, et que l’Etat marocain doit réagir rapidement. « Il serait dommage que la notion d’urgence ne soit comprise qu’au moment où nous aurons les deux pieds dans la catastrophe ». Un deuxième travail sera effectué l’an prochain par la même équipe de chercheurs, qui se pencheront cette fois-ci sur l’impact concret des actions menées par l’ANPME auprès des entreprises .
Source : La vie éco - Marie-Hélène Giguère
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