Drame dans la commune d’Ait Amira. Un jeune homme a donné un coup de couteau mortel à son père après que ce dernier a refusé de lui donner de l’argent pour acheter un paquet de cigarettes.
Meurtre. Khadija Eddallal est morte voilà une semaine dans le canal du Midi. Hier sa famille, ses amis, sont venus lui rendre hommage devant la gare Matabiau. Pour ne pas oublier et raconter qui était vraiment cette enfant de Grenade.
Les visages se ferment. Les regards se perdent vers les eaux sales du canal du Midi, au cœur de Toulouse. Il est 10 heures et le regroupement grossit sur le pont devant la gare Matabiau. Une semaine après la mort violente de Khadija, 31 ans, noyée dans le canal où elle avait été jetée, ses frères ont sonné le rappel. « Ce qui est arrivé est terrible, incompréhensible. Comment a-t-elle pu mourir ainsi ? Nous devions venir lui rendre hommage et rencontrer les marginaux qui ont essayé de l’aider. Nous recueillir également », confie Hamid, le frère aîné. Le seul des cinq enfants de la famille qui soit né au Maroc.
« Khadija, elle est née à la Grave, raconte sa mère, émue. Elle a grandi à Grenade. Elle était si gentille, fragile aussi à cause de gros problèmes psychologiques. Elle ne s’est jamais remise du départ de son père quand elle avait 2 ans. Malgré ça, elle se débrouillait. Elle a travaillé et rendait souvent service, à droite à gauche… »
« Le cœur sur la main », affirme une habitante de Grenade venue soutenir la famille. Toujours disponible pour aider aux Restos du cœur ou donner un coup de main aux personnes âgées du village. « Un gros cœur », insiste une employée de la mairie qui peine à retenir ses larmes.
Personne ne sait ce qu’elle était venue faire à Toulouse la semaine dernière. « Elle a croisé une copine et lui a demandé un peu d’argent. Il lui manquait deux euros pour prendre le bus », témoigne un de ses frères. « Les marginaux, elle les a fréquentés parce qu’elle attendait à la gare routière. Sa vie ne se trouvait pas là, encore moins sur le trottoir. En même temps, aider des gens en marge, ça lui ressemble. Elle aimait rendre service », souligne Valérie, sa belle-sœur.
Une simple noyade, ses frères n’y croient pas. « Elle nageait parfaitement. Elle a dû prendre un coup avant d’être jetée à l’eau ». Et ils espèrent que l’enquête de la brigade criminelle permettra de comprendre. Hier sa famille a longtemps discuté avec les marginaux qui vivent sous la tente, le long du canal. « Ils n’y sont pour rien. Au contraire. Certains ont essayé de la sauver. D’autres ont arrêté celui qui a fait ça. Leur vie est suffisamment difficile pour ne pas en ajouter… » Dans l’émotion, un beau garçon semblait perdu. Brahim, 11 ans, est le portrait de sa mère. « Son grand amour », glisse sa grand-mère. Il va devoir grandir sans elle. Forcément injuste.
« Nous ne sommes pas des assassins »
« On la voyait de temps en temps depuis quelques jours. Elle était sympa », se souvient Renaud à propos de Khadija. Avec « Steph », cet habitué des tentes du canal a tenté de la sauver samedi dernier. « Steph l’a sortie du canal. On l’a massé, longtemps… Elle crachait de l’eau. Trop tard » Khadija s’en est allée et Renaud et ses copains ont mal au cœur. « Le type qui a fait ça, il n’était pas de chez nous. On l’avait vu la veille, c’est tout ». D’ailleurs, ils l’ont arrêté sans ménagement. « Valait mieux que les flics arrivent… », dit l’un deux. Hier les marginaux ont apprécié le geste de la famille de Khadija. « Ca fait du bien et c’est mieux que ceux qui passent et nous traitent d’assassins. Nous vivons en marge mais nous ne sommes pas des assassins ».
Source : La Dépêche - Jean Cohadon
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