Le 15 juillet 2019, trois policiers du Centre de rétention des migrants de Zapadores (CIE) à Valence, traînent Marouane Abouobaida, un jeune marocain de 23 ans, hospitalisé depuis plusieurs jours, dans une cellule d’isolement où il s’est suicidé une heure et demie plus tard.
Il y a deux semaines, le tribunal provincial de Valence a décidé de classer l’affaire. Une campagne de dénonciation de cette décision, dénommée « CIE No de València », a été lancée pour demander la condamnation du Centre pour la mort du Marocain. Mais pour le juge, il n’y aura pas de sanction pénale pour ce crime, d’autant que la commission de fautes par les agents n’a pas été clairement établie.
Les images de caméras de vidéosurveillance du Centre montrent comment Marouane a été mis en cellule d’isolement mais ne révèle rien de blâmable aux agents. Pour certaines organisations de défense des droits de l’homme, ces centres sont des prisons racistes où souffrent et meurent parfois des personnes qui n’ont commis aucun crime à part d’être sans-papiers.
Le 14 juillet, un jour avant son décès, plusieurs détenus ont attaqué Marouane en lui causant des fractures au visage. Quelques jours plus tôt, il avait déjà été victime de deux autres agressions. L’hôpital a exigé un repos sanitaire et une surveillance régulière. Malgré ces protocoles anti-suicide, les agents sont venus plusieurs fois sur la porte de la cellule de Marouane, ont jeté un œil à travers le judas, sans prendre la peine d’entrer pour s’assurer qu’il allait bien. Son corps sans vie a été retrouvé 40 minutes après son suicide, et moins d’une heure et demie après sa mise en isolement.
Dans l’ordonnance de rejet de l’affaire, la Cour provinciale indique qu’il peut y avoir eu « des soins de santé incomplets » et « un comportement répréhensible de la part d’un policier », demandant « à évaluer tout ce qui aurait pu être fait et n’a pas été fait » dans cette situation. Pour le juge, il n’y a pas de coupable clair lorsque quelqu’un décide de se suicider, mais si Marouane n’avait pas été admis au CIE ou s’il n’avait pas été isolé après plusieurs attaques subies, il serait peut-être encore en vie.
Le corps de Marouane a été transféré au Maroc où il a été enterré dans un cimetière près de Casablanca.