L’acteur marocain Mustapha Zaari traverse une passe difficile en ce moment. Diagnostiqué d’un cancer de la prostate, il a été hospitalisé récemment à l’hôpital militaire de Rabat pour recevoir un traitement adéquat.
Il aura été le fait marquant de cette 8ème édition sans saveur. “Marock”, de Leila Marrakchi, est un film très audacieux sur un microcosme que personne n’a jamais pu traiter. Beaucoup de maîtrise de ses outils, une confiance en soi à juste titre et surtout une volonté certaine de faire du cinéma et non pas du n’importe quoi. Ce qui en dérange plus d’un et crée une tempête dans un verre d’eau.
L’audace des uns fait peur aux autres. C’est en somme cela ce qui s’est passé à Tanger autour du film “Marock” de Leila Marrakchi, jeune réalisatrice marocaine qui a un certain talent et qui compte bien le donner à voir malgré les mauvaises langues, les jaloux, les mauvais perdants, les limités, les cancres du faisage cinémateux et d’autres bras cassés qui ont une sainte crainte de l’intelligence. C’est qu’en fait le film de Leila Marrakchi est un véritable choc pour toutes les âmes sensibles qui refusent de voir la réalité même grossie par le prisme d’un immense écran dans une salle de cinéma. Ce sont ceux-là, les faux-puritains qui ont crié au scandale en taxant ce film, somme toutes, sans vulgarité aucune ni provocation gratuite, de film fasciste. Oui, fasciste. Pourquoi ? On ne le saura jamais surtout que la personne qui s’est fendue d’une telle sortie hasardeuse ne savait pas ce que ce mot voulait dire (lire notre “Bêtisier”, page 8). Cette plongée dans le monde clos et inconnu d’une certaine catégorie sociale marocaine en a effrayé plus d’un, non que la jeune réalisatrice ait inventé une réalité inexistante, mais juste parce qu’il l’a fait avec courage et surtout beaucoup de maîtrise.
Il a traité d’un sujet dur à mettre en image, un sujet inédit, une thématique ancrée dans l’actualité d’une société multicéphale. Et le rendement est bon, sans fioritures, avec ça et là quelques inexactitudes, mais c’est le lot de tous ceux qui débutent et c’est là les grands débuts d’une réalisatrice qui promet d’autres coups de force. Ce qui rappelle étrangement d’autres cabales orchestrées de toutes pièces contre une autre jeune femme, bourré de talent qui répond au nom de Narjiss Nejjar. On pourrait demander à cette majorité de “cinéphiles” pourquoi ont-ils été bousculé par ce film ? Il n’y aura aucune réponse valable à citer tant les arguments sont bâtards. Certains sont offusqués, meurtris, blessés par le fait qu’une jeune “musulmane ait une aventure sexuelle avec un juif”. Quelle bassesse ! Comme si cela ne devait pas avoir lieu et pire encore comme si cela ne correspondait pas à la réalité. Combien de musulmans ont couché avec des noms musulmanes et vice-versa ? Cette ségrégation sexuelle revêt des aspects dangereux quand elle sous-tendue par des arguments, soi-disant, idéologiques.
La haine raciale apparaît là dans toute sa splendeur et tous les mensonges sur la tolérance d’une certaine tranche de “l’intelligentsia” marocaine se révèlent sans ce filtre hypocrite et machiavélique à double tranchant. Mais ce qui a aussi grandement participé à ce lynchage systématisé est le fait que Leila Marrakchi soit une femme. Une femme qui en jette et qui fait pâlir de jalousie tant de mâles en manque de repères et surtout incapable de faire des films acceptables. Et là je veux attirer l’attention des lecteurs sur le fait que dans ce domaine qui s’est toujours voulu une exclusivité masculine, il y a peu de femmes qui font des choses valables et là le refus des mâles se fait sentir avec beaucoup de rage.
En dehors de Farida Belyazid, on devrait être content de la venue de Narjiss Nejjar, Yasmina Kassar, Fatéma Jebli Ouazzani, Leila Marrakchi et d’autres encore pour faire cesser ce monopole masculin qui a, du reste, montré ses limites et ses lacunes. Comme quoi, les grands défenseurs des grandes thèses sur la grande démocratie de la grande exception marocaine se muent très vite en grands inquisiteurs quand les intérêts sont en jeu et que le terrain commence à être balisé pour voir d’autres gabarits prendre siège à leurs côtés pour très vite leur faire de l’ombre. Dans le tas, il y a une autre catégorie de hâbleurs, ceux qui disent : “si c’était moi, le réalisateur, je l’aurai fait comme ça ou comme çi”. Mais pourquoi, au lieu de parler dans l’air, monsieur le réalisateur aigri, vous ne l’avez pas fait ? Pourquoi vous n’avez pas pensé au sujet avant cette jeune femme qui vous a damé le pion et qui vous, à tous, donné une belle leçon de cinéma, de courage et de maîtrise de soi, malgré les injustices, les insultes et l’intimidation.
Abdelahk Najib - La Gazette du Maroc
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