Internet : Que cherchent les Marocains ?

25 novembre 2007 - 21h43 - Economie - Ecrit par : L.A

Que recherchent les Marocains sur le Net ? Google Trends, outil statistique qui parcourt les milliards de requêtes du monde entier, permet de répondre à cette question. Ce programme livre en effet l’évolution de la fréquence des recherches d’un terme, tout en mentionnant le pays d’origine des internautes qui y ont procédé. Ce baromètre cybernétique est révélateur des habitudes des internautes
marocains, plus ou moins imprévisibles.

Première pioche : le terme “Targuist”. Au mois de juillet 2007, la petite bourgade du Rif est passée, du jour au lendemain, de l’anonymat total au rang de localité-star, dont le nom inonde les requêtes sur Google. Entre-temps, le Sniper était passé par là ! Fait amusant, dès que la courbe fléchit, elle reprend de plus belle (notamment en octobre) après la diffusion d’une nouvelle vidéo du reporter amateur. La réputation de la petite ville a même dépassé nos frontières. Après le Maroc, Targuist est recherchée en deuxième et troisième positions par la France et l’Espagne (du classique, vu la proximité du Maroc avec ces deux pays). On retrouve au pied du podium les Pays-Bas, probablement du fait de la présence d’une forte communauté rifaine dans ce pays.

Google Trends permet aussi de réaliser des recherches comparatives. Une recherche comparée de Mohammed VI et Hassan II est révélatrice de l’aura du défunt roi, qui semble faire de l’ombre à son successeur : le terme “Mohammed VI” et “Mohammed 6” sont si peu recherchés, à partir des connexions marocaines, que Google Trends n’en fait même pas mention. La même opération effectuée avec Hassan 2 (et non pas Hassan II) montre que le défunt roi intéresse toujours les internautes. Et pas que les Marocains. En effet, le nom du défunt roi est très fréquent sur les recherches provenant de France, de Belgique, d’Espagne, du Canada, ou encore des Etats-Unis. Des résultats qu’il convient toutefois de nuancer. Ce score est artificiellement gonflé par la foison d’événements (surtout sportifs) estampillés “Hassan II”.

Hassan II, plus fort que Mohammed VI

Le mot “Mohammed VI” se contente d’un lot de consolation, avec un pic le 7 septembre 2007. En rapport direct avec les élections législatives ? Que nenni ! Pour Google Trends (qui renvoie aussi à des articles sur le Web pour expliquer les pics de recherche), le monarque faisait l’événement en recevant… le président du Gabon, par la foi d’une dépêche de la MAP. Dans un autre registre, les internautes marocains sont de grands fans des mots “sexe”, en français, et “sex”, dans la langue de Shakespeare, se classant même à la cinquième position mondiale ! Que les âmes sensibles se rassurent : les internautes marocains sont même les premiers pour la recherche du mot “Amour”.

Tout aussi instructive est la variation des thèmes recherchés durant le mois de ramadan. Alors que les mots “Coran” et “Harira” prennent leur envol, le terme “sexe” pique du nez. Mais dès le lendemain de Aïd Al Fitr, ce dernier reprend sa courbe ascendante. Et qu’en est-il de l’une des stars du Net marocain, à savoir le mouvement Al Adl Wal Ihsane ? Si la Jamaâ se place honorablement dans le classement, elle reste bien loin de son record sur Google, établi début 2006. C’est la date qu’avait prédite son leader, le Cheikh Yassine, pour la fin du règne de Mohammed VI, et le début du califat au Maroc.

Quand à son frère ennemi, le PJD, ses statistiques montrent un encéphalogramme plat tout au long de l’année 2007… avant de crever le plafond en septembre, durant la semaine des élections législatives marocaines. Idem pour Abbas El Fassi, qui a vécu son quart d’heure de gloire, correspondant à la victoire de son parti… avant de sombrer dans l’anonymat, une fois nommé Premier ministre. Côté sport, les Marocains suivent de près l’actualité footballistique de leur pays. C’est notamment le cas lors de grands évènements comme la CAN 2004, où le Maroc s’est incliné en finale, ou encore la Coupe du monde 2006, où le Maroc avait brillé… par son absence. Comme quoi, devant un écran d’ordinateur comme ailleurs, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a.

TelQuel - Youssef Ziraoui

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Religion - Informatique - Rencontres - Internet

Ces articles devraient vous intéresser :

Office des changes au Maroc : du nouveau pour l’e-commerce

Les jeunes entreprises innovantes en nouvelles technologies ont désormais une dotation commerce électronique plafonnée à un million de dirhams par année civile, selon la version 2024 de l’Instruction générale des opérations de change (IGOC).

Interdire ou réguler TikTok ? Le Maroc cherche la solution

Menacé d’interdiction aux États-Unis et en Europe, TikTok est de plus en plus décrié dans le monde. Au Maroc, des voix continuent d’appeler à l’interdiction de l’application chinoise. Mais plutôt que de l’interdire, des experts appellent à encadrer son...

Le Maroc propose un nouveau programme religieux aux MRE

En raison du contexte politique négatif en Europe, le ministère des Habous et des Affaires islamiques entend réviser sa politique d’encadrement religieux des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Des hackers marocains impliqués dans une cyberattaque massive

Une cyberattaque de grande ampleur est en cours. Depuis le mois dernier, 2,8 millions d’adresses IP provenant de divers pays dont le Maroc, tentent de forcer des périphériques réseau.

Le Maroc accélère sur la 5G en vue de la coupe du monde 2030

Le ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration aura à charge la gestion des télécommunications lors de la coupe du monde 2030. Ainsi en a décidé le Comité marocain d’organisation du tournoi.

Maroc : les discours radicaux dans les mosquées inquiètent

La députée du parti Fédération de la Gauche démocratique, Fatima Tamni, a interpelé le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Toufiq, au sujet de l’exploitation des tribunes des mosquées pour diffuser des discours radicaux contre les...

Voici la date de l’Aïd El Fitr au Maroc

Débuté le 12 mars au Maroc, le ramadan, l’un des cinq piliers de l’islam, se profile pour de millions de Marocains. Quand aura lieu l’Aïd El Fitr cette année ?

L’appel des chrétiens marocains

La communauté chrétienne au Maroc a réitéré, à l’occasion de la célébration de la fête de Noël, sa demande d’abrogation de l’article 220 du Code pénal et de la dépénalisation du prosélytisme.

Ramadan et grossesse : jeûner ou pas, la question se pose

Faut-il jeûner pendant le Ramadan quand on est enceinte ? Cette question taraude l’esprit de nombreuses femmes enceintes à l’approche du mois sacré. Témoignages et éclairages pour mieux appréhender cette question à la fois religieuse et médicale.

Ramadan et diabète : un mois sacré sous haute surveillance médicale

Le jeûne du Ramadan, pilier de l’islam, implique une abstinence de boire et de manger du lever au coucher du soleil. Si ce rite revêt une importance spirituelle majeure pour les fidèles, il n’en demeure pas moins une période à risque pour les personnes...