Une Marocaine battue expulsée, qu’en pensent Sarkozy et Dati ?

24 juin 2008 - 15h15 - France - Ecrit par : L.A

Une certitude, la date du lundi 31 mars 2008 restera à jamais gravé dans la mémoire de Sabah Souiri. Ce jour-là, elle va vivre un véritable cauchemar. La jeune fille (30 ans) se retrouve, seule, démunie, perdue, à l’aéroport de Casablanca, tard dans la nuit. Sans argent ni effets personnels, Sabah est « lâchée » par la France.

Originaire de Oujda, Sabah a vécu un véritable calvaire. Tout a débuté au lendemain de son mariage à Oujda, le 17 novembre 2005. « A mon arrivée en France, nous avons enregistré notre mariage auprès des services préfectoraux et j’ai bénéficié d’un titre de séjour de 12 mois. Puis, mon mari a dû s’acquitter d’une peine d’emprisonnement de 8 mois alors que je n’étais pas au courant de sa condamnation. J’ai serré les dents au côté de sa maman chez qui nous vivions », déclare-t-elle. Tout sa gâte à sa sortie de prison. « Il m’a demandé de disparaître. J’étais effrayée devant ses menaces et ses violences à répétition. “Nous devons aller au Maroc pour divorcer et je te fais la promesse de t’aider à régulariser ta situation administrative en France”, me disait-il. Au début, j’ai refusé, puis j’ai accepté sans connaître mes droits ». Difficile de les connaître quand on est coupé du monde. En dehors de la « sortie » hebdomadaire à Auchan (avec sa belle mère), Sabah passait ses journées à tuer le temps à la maison.

A son retour du Maroc (après avoir acté son divorce), Sabah Souiri et son ex mari regagnent la France. Au bout de quelques jours, il lui proposa de rendre visite à sa sœur aînée. Sans le savoir, Sabah se retrouva prise au piège, son ancien compagnon l’abandonna sur l’instant. A l’étroit, humiliée, le cœur brisé et l’honneur bafoué, elle rejoignit le foyer de l’association St Vincent de Paul. Elle rencontra un homme. Très vite, celui-ci, membre de l’association, se montra pressant pour une demande en mariage, selon les propos de Sabah. « Devant mon hésitation et mon refus, il m’a insultée et frappée à deux reprises. Il était violent et alcoolique », dit-elle. Le corps truffé d’hématomes et le cuir chevelu déchiré, elle décidait de porter plainte.

L’erreur fatale …

Sabah Souiri se rend à la gendarmerie de Maubeuge pour déposer une plainte pour violences conjugales. Les gendarmes la prient de revenir munie d’un certificat médical. Ce sera chose faîte le 29 mars 2008. « Je n’ai rien compris. Les gendarmes procédaient à mon interrogatoire alors qu’ils étaient censés enregistrer ma plainte ». Elle eu droit à 24 heures de garde à vue sans avoir pu bénéficier à un droit élémentaire, celui d’avoir un avocat. « Les gendarmes m’ont assuré avoir contacté mon avocat, mais ce dernier n’aurait pas donné suite. Je ne connaîtrais jamais la vérité ».

Entouré de 2 policiers en civils et menottes aux poignets, Sabah Souiri est conduite au centre des migrants clandestins de Lille. « Nous y sommes restés quelques minutes avant de prendre la direction de Paris. Je multipliais les appels pour comprendre ce qui se passait. En retour, on m’indiquait que j’étais trop bavarde », dit-elle. A leur arrivée à l’aéroport de Paris-Roissy, Sabah a peur. « J’étais paniquée…Ils ont commencé à tenir des propos injurieux et à me violenter en plein aéroport ».

« Arrivée à Casablanca, les policiers m’ont remise aux autorités marocaines et ils ont disparu. Je me retrouvais seule à 00h30, complètement démunie et meurtrie…La police marocaine m’a pris en charge et je me suis rendue à la Wilaya de Casablanca pour récupérer des documents administratifs. Puis, très tôt dans la matinée, j’ai pris le bus pour Oujda où résident mes parents ». Prise en grippe par ses parents, Sabah vit aujourd’hui chez une de ses sœurs à Oujda. « Mon souhait, c’est de vivre en France. Ce qui m’est arrivé est injuste et injustifié. On a profité de ma vulnérabilité et de ma naïveté pour réduire mon honneur à une peau de chagrin. Cette situation est anormale. C’est vraiment horrible ! », conclut-elle.

Sera-t-elle entendue par un certain Nicolas Sarkozy qui déclarait, entre les deux tours des élections présidentielles 2007, que « à chaque femme martyrisée dans le monde, je veux que la France offre sa protection en lui donnant la possibilité de devenir française » ?

Et du côté de Maubeuge…

A ce jour, la Cimade, organisme qui vient en aide aux migrants, n’a obtenu aucune explication des autorités Française compétentes en la matière. Son président, Jean-Marie Rosenberger, a sollicité Jean-luc Perrat, député PS dans la Sambre (circonscription de Maubeuge) afin qu’il saisisse la Commission nationale de déontologie de la sécurité. Cet organisme de contrôle a autorité pour enquêter sur le respect des règles.

Selon les propos du parlementaire socialiste, la requête a été faite. On attend la suite des évènements.

Source : La Nouvelle Tribune - Rachid Hallaouy

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