Maroc : l’administration pénitentiaire va-t-elle privatiser les visites conjugales intimes ?

24 mars 2019 - 14h00 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

Les visites intimes pour les détenus devraient bientôt disparaitre en raison du manque de moyens financiers et logistiques. Mais l’administration pénitentiaire n’est pas contre l’idée d’ouvrir cette porte aux promoteurs privés.

L’idée est loufoque ! La « khalwa charîya » (intimité légale) permettant à un détenu (ou une détenue) d’avoir, entre autres et surtout, des rapports sexuels avec sa conjointe (ou conjoint) légitime pourrait bien devenir un créneau économique. L’administration pénitentiaire pense à attirer des investisseurs qui, selon ce qui est dit à l’heure actuelle, auraient la possibilité de bâtir des structures (en dehors des prisons) permettant d’accueillir les couples dont l’un des membres est en prison (et -qui sait ?- peut-être les deux). Cela avec -et à la condition d’avoir- l’autorisation de l’administration pénitentiaire…

Mohamed Salah Tamek, Le délégué général à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), a évoqué cette possibilité à l’issue, jeudi, de la 6e université du printemps organisée à Béni Mellal. Pour lui, l’administration pénitentiaire ne pourra plus offrir ce « droit » aux détenus, faute de moyens. Ce dernier a, selon Al Ahdath Al Maghribia, déclaré : « C’est un luxe inaccessible. Et nous ne devrions même pas aborder ce genre de questions étant donné les moyens très réduits de l’administration pénitentiaire ».

Il aurait laissé entendre, selon la même source, qu’impliquer le secteur privé dans ce « secteur » est chose possible. Que les investisseurs privés n’auraient qu’à construire des locaux proches des centres pénitentiaires, des lieux où les détenus pourraient profiter de la « khalwa », ou recevoir des membres de leur famille a-t-il ajouté.

Une manière de se déresponsabiliser de l’absence future d’un « luxe » déjà permis ou une manière d’introduire une privatisation espérée en l’imputant à une incapacité nouvelle et soit-disant logique ? La « Khalwa Charîya » existe depuis les années 2000... Ce n’est pas quelque chose que quelqu’un vient de demander, une proposition nouvelle. Et là est toute la nuance !

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