Maroc : Réparer les hymens en secret

24 août 2007 - 20h30 - Maroc - Ecrit par : L.A

Une gynécologue marocaine, qui souhaite garder l’anonymat, pratique depuis un peu plus d’un an la réfection d’hymen à Casablanca. Elle revient sur la pratique de cette intervention dans son pays, où les femmes en bénéficient le plus souvent dans le plus grand secret.

Sur Internet, le Dr E. fait notamment la publicité des opérations de chirurgie intime qu’il pratique. La réfection de l’hymen figure en première place des interventions proposées par ce chirurgien de Casablanca. De quoi contraster avec les gynécologues-obstétriciens du pays qui pratiquent discrètement l’hyménoplastie. Afrik a pu interroger l’un d’entre eux, qui opère en clinique pour « entre 2000 et 3000 dirhams ».

Depuis qu’elle a quitté la France, où elle a appris cette intervention, Dr Inès Berrada* a permis à une dizaine de femmes d’avoir un hymen comme neuf en prévision d’un mariage. Elle nous fait part de son expérience.

Pourquoi avez-vous décidé de pratiquer cette intervention ?

Pour répondre aux souffrances des femmes qui ne peuvent pas se marier si elles ne sont pas vierges. Même si elles vivent une réelle histoire d’amour, elles sont capables de rompre parce qu’elles ne sont pas vierges. Et ce, sans même en parler au partenaire. Elles font un véritable blocage. Mais pourquoi devrait-on priver ces femmes de faire leur vie ? Quand je suis rentrée au Maroc, jamais je n’aurais pensé que l’hymen pouvait être aussi important pour elles.

Comment avez-vous réagi en apprenant l’existence de l’hyménoplastie ?

Au départ, je pensais que c’était de la torture, mais je suis médecin et je me dois de répondre à la souffrance. Je voulais sauver les femmes sur le plan psychologique. On essaye bien de leur faire une petite thérapie, de les convaincre que refaire l’hymen n’est pas si important... Mais cela ne marche pas à cause du poids de la tradition.

Comment se passent les consultations ?

Les filles sont très angoissées. Se faire opérer est très important pour elles, alors que pratiquer l’intervention représente pour nous une bricole tant elle est simple. Généralement, elles viennent accompagnées d’une copine. Quelquefois, des mères viennent mais c’est exceptionnel.

La pratique de l’hyménoplastie est-elle légale au Maroc ?

Les IVG sont interdites, mais je ne pense pas que ce soit le cas des hyménoplasties, que l’ont fait rentrer dans la plastie du périnée. Mais on ne crie pas sur les toits que l’on fait cette opération par respect des patientes, qui disent bien qu’elles ne veulent pas que cela se sache.

Vous est-il arrivé de refuser des hyménoplasties ?

Une fois, une nana est venue et elle avait un cicatrice médiane et des vergetures au niveau du ventre. Je lui ai demandé ce que c’était et elle m’a répondu qu’à 17-18 ans elle avait été enceinte de trois ou quatre mois et qu’elle avait fait une IVG. Je lui ai dit qu’à ce stade on n’ouvre pas le ventre. Le bébé devait avoir en réalité six ou sept mois. Quand elle m’a dit ça, jamais je n’ai détesté quelqu’un comme ça. J’ai refusé de l’opérer parce que j’ai trouvé ce qu’elle avait fait criminel et qu’en plus elle venait faire une hyménoplastie plus de dix ans après pour embobiner quelqu’un d’autre. J’ai aussi refusé d’opérer une femme enceinte qui voulait une hyménoplastie. Quel toupet ! Non seulement elle est enceinte, mais elle veut faire croire qu’elle est vierge !

Afrik.com - Habibou Bangré

* Son nom a été changé

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Religion - Santé - Mariage

Ces articles devraient vous intéresser :

Punaises de lit : la psychose atteint le Maroc

Le ministère de la Santé et de la Protection sociale a confirmé, mercredi, l’absence d’une propagation exceptionnelle des punaises de lit au Maroc. Dans un communiqué, les autorités sanitaires affirment avoir mis en place des mesures préventives en...

MRE : Du changement pour l’opération Marhaba 2024

Contrairement aux années antérieures, l’opération Marhaba marquant le retour des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au Maroc va démarrer deux jours avant la date habituelle. La coïncidence avec l’Aïd al-Adha oblige.

Au Maroc, l’été rime avec piqûres de scorpion

La recrudescence des piqûres de scorpion dans certaines régions du Maroc, en cette période de canicule et de saison estivale, inquiète. Les spécialistes appellent les citoyens à prendre les précautions pour prévenir ces piqûres mortelles.

Maroc : risque d’augmentation des mariages de mineures après le séisme

Le séisme survenu dans la province d’Al Haouz vendredi 8 septembre pourrait entrainer une multiplication des mariages de mineures, craignent les femmes sinistrées dormant désormais avec leurs filles sous des tentes dans des camps.

Ramadan : Un mois de spiritualité… et de bagarres ?

Le Ramadan, mois sacré pour les musulmans, est synonyme de spiritualité et de partage. Mais au Maroc, il prend également une tournure plus sombre avec l’apparition d’un phénomène bien connu : la “Tramdena”. Ce terme désigne l’irritabilité et...

Au Maroc, les médecins sont des mauvais payeurs d’impôts

Au Maroc, peu de médecins s’acquittent de leurs impôts. Fort de ce constat, le gouvernement opte désormais pour la retenue à la source pour les revenus de l’ensemble des professions libérales, la déclaration annuelle fiscale ayant montré ses limites.

Le mariage des mineures au Maroc : une exception devenue la règle

Depuis des années, le taux de prévalence des mariages des mineurs évolue en dents de scie au Maroc. En cause, l’article 20 du Code de la famille qui donne plein pouvoir au juge d’autoriser ce type de mariage « par décision motivée précisant l’intérêt...

Saâd Lamjarred et Ghita El Alaki se marient le 17 novembre au Maroc

Après Paris, le chanteur marocain Saâd Lamjarred et Ghita El Alaki, vont organiser leur mariage au Maroc le 17 novembre prochain. Une cérémonie à laquelle seront conviés sa famille, des fans et amis marocains.

Le Maroc met fin à la fiche sanitaire

Quelques jours après avoir annoncé la fin de l’état d’urgence sanitaire, les autorités marocaines portent à la connaissance des voyageurs que la fiche sanitaire n’est plus une obligatoire pour accéder au territoire.

Diabète : les précautions pour passer un mois de Ramadan en toute sérénité

Le mois de Ramadan est un mois sacré pour les musulmans. Néanmoins, quelques précautions sont à suivre scrupuleusement par certaines personnes à risque souffrant de maladies chroniques, telles que le diabète.