A voir le contexte dans lequel interviendra l’organisation, à partir du 17 décembre prochain, par le ministère de la Culture, à Amsterdam, aux Pays-Bas, d’une exposition sur le patrimoine culturel marocain, on serait vite tenté d’affirmer que la programmation de cette manifestation est consécutive à l’assassinat du cinéaste Theo Van Gogh par un citoyen néerlandais d’origine marocaine.
Sauf que ce n’est pas exact étant donné que cet événement, qui entre dans le cadre de la commémoration des 400 ans des relations diplomatiques entre le Maroc et les Pays-Bas, était prévu depuis plusieurs années. Et vu, justement, le contexte de tension que continue de connaître cet autre pays d’accueil pour une importante communauté marocaine, la tenue de cette manifestation culturelle, qui sera inaugurée par Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid, aux côtés du Prince d’Orange, arrive à point nommé.
Elle permettra de faire découvrir aux Néerlandais l’autre réalité marocaine. Celle d’un pays de tolérance, de dialogue et qui est ouvert sur l’autre, a rappelé avec insistance le ministre de la Culture, Mohamed Achâari, mercredi dernier, lors d’une rencontre avec les représentants des médias, marocains et néerlandais, consacrée à l’annonce de l’organisation de cette exposition. Tout en condamnant le crime qui a coûté la vie à l’arrière-petit neveu du très célèbre artiste peintre Van Gogh, le ministre Achâari a indiqué que ce drame ne devrait pas faire oublier le cas des dizaines de milliers de Marocains dont l’intégration dans la société néerlandaise est une parfaite réussite.
Et celui-ci de mettre en garde contre tout amalgame au sujet de cet assassinat. Après avoir affirmé, en réponse à une question d’un confrère de la presse écrite belge, qu’un meurtre ne peut jamais être justifié, le ministre a estimé que l’organisation de l’exposition en ce moment est une grande leçon pour tous, les Néerlandais de souche comme ceux d’origine marocaine. Les premiers, poursuivra-t-il, se rendront compte des points de rencontre entre leur propre culture et celle des Marocains qui vivent dans leur pays et les seconds pourront prendre conscience de leur appartenance à une grande civilisation. Selon lui, cet événement culturel se propose d’établir les bases d’un dialogue nouveau avant d’ajouter que le produit culturel peut être un levier pour le dialogue.
"Je suis, ajoutera-t-il, confiant et optimiste quant à la réussite de cette manifestation qui pourrait avoir des répercussions positives sur la qualité des relations maroco-néerlandaises".
Même appréciation de Sjoerd Leenstra, le nouvel ambassadeur des Pays-Bas, au Maroc, pour qui, cette exposition, comme le reste des festivités entrant dans le cadre de la commémoration des 4 siècles des relations bilatérales entre nos deux pays, ne peut être que positive. Elle permettra à mes concitoyens de découvrir un autre visage du Maroc. Un Maroc, comme l’a souligné le ministre Achâari, qui a des racines et des aspirations.
Pour ce qui est de l’exposiition, à proprement parler, que le ministère de la Culture organise en collaboration avec la Fondation néerlandaise, Nieuwe kerk, il est à préciser qu’elle porte sur pas moins de 300 pièces de musée, représentant la richesse et la diversité du patrimoine culturel marocain.
Outre le fait que les objets qui composent l’exposition proviennent d’une dizaine de musées du Royaume et de deux bibliothèques, la Royale et la Nationale, un des deux axes qui structurent cette exposition, qui est thématique, fera ressortir la coexistence au Maroc entre Musulmans et Juifs.
L’autre principal axe de cette manifestation, historique, cette fois-ci, permettra au visiteur de prendre connaissance des différentes périodes de l’histoire du Maroc, en partant de la préhistoire pour passer par la période anté-islamique, et enfin, la période dite islamique. Un voyage à travers l’histoire du Maroc que les organisateurs de l’exposition proposeront aux Néerlandais durant 5 mois, soit jusqu’au 17 du mois d’avril 2005.
Mokhtar Ghailani - Libération
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