Maroc : la fuite des cerveaux s’accentue

20 février 2020 - 16h00 - France - Ecrit par : S.A

Le Maroc, tout comme bon nombre de pays, est confronté au phénomène de la fuite des cerveaux. En tout, 600 ingénieurs décident de quitter le royaume chaque année pour s’installer surtout en France, où ils ont plus d’opportunités et sont mieux payés.

Zakaria, 28 ans, ingénieur informatique pour le compte de Capgemini à Casablanca, en est un exemple. Ce jeune homme a rallié Paris en juillet 2018, où il travaille dans une banque. "Salarié au Maroc, je payais 40 % d’impôt pour toucher 7 000 dirhams net mensuels [665 euros]. En France, je suis payé 44 000 euros par an ; mon pouvoir d’achat a nettement augmenté pour assurer le même travail",confie-t-il au journal Le Monde. Comme Zakaria, ils sont nombreux ces jeunes Marocains à quitter le royaume pour l’étranger.

Ils sont en quête de missions plus qualifiées, de meilleur management, d’accès à un meilleur service public en matière de santé et d’éducation… "Le contexte actuel, avec les peines d’emprisonnement pour avoir exprimé son opinion sur les réseaux sociaux, ne donne pas envie de revenir. Tout comme la corruption ou le fait qu’au Maroc, il faut venir du bon milieu pour avoir des postes intéressants. L’ascension sociale n’existe pas", explique le jeune ingénieur.

Vendredi 31 janvier, Bruno Le Maire, ministre français de l’Économie, avait annoncé une nouvelle coopération franco-marocaine dans les nouvelles technologies pour "éviter la fuite des cerveaux", lors d’une visite à Rabat. Une annonce qui a fait naître l’optimisme chez Saloua Karkri-Belkeziz, présidente de la Fédération marocaine des technologies de l’information et des télécommunications (APEBI), dont le combat est de garder les talents au Maroc. Sauf qu’elle est aussi inquiète parce que "la fuite continue". "Plusieurs entreprises ont annoncé un taux de rotation salariale de 30 % en 2019. Un chiffre qui a doublé en cinq ou six ans", indique-t-elle.

Pour inverser la tendance, elle préconise la formation et appelle l’État à retenir les jeunes talents avec le développement de grands projets comme l’intelligence artificielle.

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