Le Maroc à l’honneur au Festival de l’imaginaire de Paris

17 mars 2008 - 18h55 - France - Ecrit par : L.A

Pour la douzième année consécutive, la Maison des cultures du monde organise à Paris le Festival de l’imaginaire, qui se tient du 12 mars au 18 avril prochain. Parmi les nombreux spectacles présentés, trois sont consacrés au continent africain. Le marocain Abdelfetteh Bennis et l’algérienne Beihdja Rahal présenteront la tradition du chant arabo-andalou, et les Bozo de Kirango, au Mali, montreront les masques et les marionnettes qui font leur renommée depuis des siècles.

Créée en 1982 afin de favoriser la réciprocité dans les échanges cultures entre la France et le reste du monde, l’association Maison des cultures du monde s’efforce depuis de faire connaître les arts et les cultures venus d’ailleurs. Et depuis 1997, à travers le Festival de l’imaginaire, le public français en général et francilien en particulier a la possibilité de découvrir les mythes, les légendes, la musique, les contes de différentes régions du monde. Cette douzième édition ne déroge pas à la règle. L’Afrique sera représentée par les Bozo de Kirango – un village situé à 35km au Nord-Est de Ségou (Mali) –, par le Marocain Abdelfetteh Bennis qui jouera avec son ensemble le mawwâl andalou de Fès, et par l’Algérienne Beihdja Rahal, l’une des grandes voix du chant arabo-andaloux d’Alger.

La tradition du chant arabo-andaloux d’Algerie et du Maroc

Née à Alger en 1962 dans une famille où la musique arabo-andalouse tenait une place de choix, Beihdja Rahal a la particularité d’avoir appris à jouer du Kwîthra, un instrument qui serait une sorte de dérivé du luth arabe et qui est à la fois « l’emblème et la base de l’orchestre arabo-andalou ». Peu connue en France, où elle vit pourtant depuis 1992, cette artiste perpétue la tradition algéroise de la san’a, « une musique multiséculaire, constituant l’un des six grands styles de musique arabo-andalouse du Maghreb ».

Un autre de ces styles est le mawwâl andalou de Fès, que présenteront le marocain Abdelfetteh Bennis et son ensemble. Né à Fès en 1962, dans une famille elle aussi imprégnée de musique arabo-andalouse et de chants religieux, le chanteur découvre la poésie mystique chantée dans les soufis zawiya qu’il fréquente dans sa jeunesse. Très jeune, il devient l’élève de monuments marocains de la musique arabo-andalouse tels que Massano Tazi et Haj Abdelkrim Raïs, le grand maître de la tradition de Fès. Aujourd’hui, Abdelfetteh Bennis, tout en ayant modernisé l’héritage reçu, est l’une des références de la tradition arabo-andalouse du Maroc.

Les masques et marionnettes des Bozo de Kirambo

De la même manière, les masques et les marionnettes que vont présenter les Bozo au cours des quatre soirées qui leur sont consacrées à la Maison des cultures du monde s’inscrivent dans une tradition plusieurs fois centenaire. Aujourd’hui encore, pour des occasions particulières et surtout pour célébrer la circoncision des garçons, les Bozo organisent une fête rituelle au cours de laquelle ils célèbrent le mythe des origines, ainsi que leur relation avec leur environnement.

L’anthropologue néerlandaise Elisabeth den Otter, qui s’est penchée sur cette tradition bozo, a assisté en 2005 à cette fête de la circoncision et en a fait un film remarquable disponible en DVD (Fête de circoncision/fête des masques Bozo, Kirango, Mali, Samaké Records 02, 2006). Des préparatifs de la cérémonie près de la mosquée du village, jusqu’à la fête des masques à laquelle assistent tous les jeunes circoncis, ce film permet de comprendre le rapport que les Bozo entretiennent avec leurs traditions, la manière dont elles sont célébrées et la signification qu’elles ont à leurs yeux. Et comme le souligne Elisabeth den Otter, cette fête rituelle s’apparente à une « forme de théâtre total qui, entre rêve et réalité, relie le monde des esprits à celui des humains, [et] reflète l’identité culturelle des Bozo ». C’est une part de cette identité culturelle que le public est invité à découvrir au cours des quatre représentations offertes par les Bozo de Kirango.

Source : Afrik.com - Christian Eboulé

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