D’emblée, les enquêteurs du cabinet confirment un peu plus le constat d’une transition rapide de l’économie mondiale vers une organisation multipolaire. « Les marchés développés européens et nord-américains sont aujourd’hui concurrencés par les zones émergentes et à forte croissance en Asie, Amérique latine ou Afrique », relèvent les enquêteurs. Leur prospective procède du même constat : « D’ici 2050, avec une telle dynamique, les sept nouveaux pays émergents -dits E7-, le Brésil, la Russie, I’Inde et la Chine, plus la Turquie, le Mexique et I’Indonésie, auront dépassé les traditionnelles puissances du G7 ». Et d’ici là, prophétisent les experts, « la Chine sera devenue la première économie mondiale ». Cette convergence vers une organisation multipolaire de l’économie amène les auteurs de l’enquête à dégager des pistes de réflexion relatives au positionnement concurrentiel des pays de la zone euroméditerranéenne.
A en croire ces derniers, cette zone présente des opportunités de croissance considérables pour les investisseurs internationaux. « Dans le sillage de I’Europe centrale et de I’Europe de l’Est, cette zone tend à devenir une des prochaines frontières européennes ». Mais à une époque où la gestion des risques est devenue un facteur crucial, les investisseurs évoquent également des freins considérables à l’attractivité de la zone. Il n’empêche que le Maroc demeure la première destination avec 26% des intentions d’implantation. Et Casablanca, classée 6e sur les 17 villes panélisées. Elle arrive 3e sur les 10 villes de la rive Sud en compétition.
Parmi les critères les plus déterminants dans leur décision d’implantation, les investisseurs interrogés (315 de divers pays du monde) évoquent la stabilité politique en premier. D’où toutes ces questions posées par les enquêteurs. Dans quelle mesure l’espace euroméditerranéen est-il bien compris des investisseurs ? Quels sont les nouveaux défis auxquels les pays de la zone doivent faire face pour devenir de réels challengers ? Comment peuvent-ils améliorer leur attractivité pour tenir la concurrence avec les pays d’Europe, notamment de l’Est ? Ces questions et d’autres fondent l’étude du baromètre 2008 de la région euroméditerranéenne, composée de 17 pays dont 10 sur la rive Sud qui aura bénéficié d’une attention particulière des enquêteurs.
Les IDE attirés par la rive Sud
Le panel de 104 interviewés par les enquêteurs de Ernst & Young, qui ont dit vouloir se localiser ou étendre leurs activités dans le bassin euroméditerranéen portent leur choix sur le Maroc, pour 26% des intentions de localisation, parmi les 8 pays sélectionnés. Suivent la Turquie (23%), la France (18%), l’Espagne (16%), l’Algérie (14%), l’Egypte et la Tunisie (13%) et l’Italie (11%). Selon les enquêteurs, l’attractivité de la rive Sud s’est considérablement améliorée depuis 3 ans pour 49% des interviwés, en comparaison avec la zone Asie (59%) et Europe (40%).
Source : L’Economiste - Bachir Thiam