Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.
Les relations entre le Maroc et l’Espagne restent encore affectées fin 2003 par les vestiges de conflits territoriaux séculaires alors que le chef du gouvernement espagnol José Maria Aznar doit effectuer une visite de coopération dans le royaume les 8 et 9 décembre.
Les deux voisins de la Méditerranée occidentale, qui se toisent de part et d’autre du détroit de Gibraltar - large d’une quinzaine de kilomètres à peine - ont conservé les traces indélébiles de conquêtes territoriales croisées où leurs deux peuples se sont mêlés tantôt dans la guerre, tantôt dans la création d’une brillante civilisation.
Si nul ne conteste les merveilles de l’art hispano-mauresque, nées de l’occupation par les Marocains d’une grande moitié sud de l’Espagne du 8ème à la fin du 15ème siècle, des litiges territoriaux hérités d’un passé lointain continuent d’opposer très concrètement les deux pays sur des dossiers d’actualité.
Ces questions de souveraineté territoriale, où les susceptibilités nationales sont à fleur de peau, concernent les diverses possessions de l’Espagne sur le littoral méditerranéen au nord du Maroc, l’immense territoire du Sahara, ancienne colonie espagnole au sud du royaume chérifien, mais aussi l’exploitation de la plateforme continentale qui sépare le Maroc de l’archipel espagnol des Canaries.
La question des présides espagnols de Sebta et de Melilla, des villes de 20 km2 et de 12,5 km2 situées en terre ferme sur la côte marocaine, auxquelles s’ajoutent plusieurs petites îles proche de la côte, constitue le seul conflit territorial proprement dit.
Rabat revendique haut et fort ces enclaves que la diplomatie marocaine considère comme les vestiges d’une occupation coloniale - le nord du Maroc ayant été placé sous Protectorat espagnol de 1912 à 1956. Madrid rejette cette thèse en faisant valoir la présence multiséculaire des Espagnols - à Sebta depuis 1580, à Melilla depuis 1496.
En juillet 2002, ce conflit a rebondi avec la grave crise de l’îlot Leila/Perejil, située à un jet de pierre de la côte, où l’armée espagnole est venue déloger une douzaine de soldats marocains venus y installer un modeste campement militaire. La crise, qui n’a pu être dénouée que grâce à une médiation de Washington, n’aura fait que relancer le débat de fond sur ces enclaves contestées.
L’Espagne est également concernée, bien qu’indirectement, par la brûlante question du statut définitif du Sahara, ancienne colonie espagnole annexée pacifiquement par le Maroc en 1975. La diplomatie marocaine accuse Madrid de manigancer, notamment dans le cadre de l’ONU, en faveur des "séparatistes" du front Polisario qui militent pour l’indépendance de ce territoire avec le soutien de l’Algérie.
C’est sous la présidence de l’Espagne, en juillet dernier, que le Conseil de sécurité de l’ONU a "approuvé" un plan de règlement de ce conflit auquel le Maroc s’était vigoureusement opposé. Le plan, proposé par l’ancien secrétaire d’Etat américain James Baker, prévoit une période de cinq années de large autonomie, suivie d’un référendum d’autodétermination - ce dont Rabat ne veut pas entendre parler.
La côte atlantique du Maroc n’est pas épargnée dans la liste des sujets de frictions territoriales hispano-marocaines. Le plateau continental qui sépare les îles espagnoles des Canaries, dont la plus proche est à 80 km de la terre ferme, fait l’objet d’une dispute de souveraineté d’autant plus sérieuse que le sous-sol, en cours de prospection, pourrait y receler d’importants gisements pétroliers.
AFP
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