Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...
Les organisations féminines marocaines mènent une campagne soutenue pour vulgariser et favoriser l’application d’une réforme profonde du statut des femmes, entrée en vigueur en février dernier, à l’occasion de la journée mondiale de la Femme.
Le nouveau "Code de la famille", qui remplace l’ancien "Code du statut personnel", place le foyer conjugal marocain "sous la responsabilité conjointe des deux époux", pose des conditions draconiennes à la polygamie et à la répudiation, et porte à 18 ans au lieu de 15 ans l’âge du mariage des filles.
"Nous sommes passées à la vitesse de croisière dans notre campagne de vulgarisation du code, que nous menons dans toutes les villes du Maroc", a déclaré à l’AFP Latifa Jbabdi, présidente de l’Union de l’action féminine (UAF), l’une des plus représentatives du mouvement des femmes.
"La mise sur pied de mécanismes de suivi conernant l’application de la nouvelle loi, la coordination entre les acteurs concernés et l’organisation des débats en sont les points saillants", a ajouté Mme Jbabdi qui qualifie le nouveau code de "grand acquis" pour les femmes.
"A l’approche du 8 mars, nous intensifions notre campagne d’explication au profit des femmes en difficulté", déclare à l’AFP Soumeya Aïdmane, membre de l’Association solidarité féminine (ASF).
"De nombreuses difficultés pourraient surgir" dans l’application du nouveau texte, notamment pour "les femmes célibataires et les enfants nés hors mariage", s’inquiète Mme Aïdmane.
"Par exemple, pour soumettre un homme au test génétique, il faut qu’il y ait eu des fiançailles avec la mère de l’enfant", ce qui est, selon elle, "difficile à prouver - surtout que les fiançailles ne sont accompagnées d’aucun document au Maroc".
"Et pour se marier, poursuit Mme Aïdmane, il faut remplir un formulaire et le soumettre au juge, ce qui pourrait générer des retards, alors qu’avant, le mariage était conclu sur simple présence d’adouls (notaires), souvent en pleine fête de mariage".
"J’appelle les juges à être souples", lance Mme Aydmane en affirmant que "le Code de la famille demeure largement positif". Elle se félicite notamment de ce que "législateurs et responsables ont pris conscience de l’existence des femmes célibataires, et du droit des enfants nés hors mariage de porter le nom de leur père".
Les autorités marocaines et les média publics organisent de leur côté rencontres et débats pour expliquer les différents volets du nouveau texte.
L’installation de la "juridiction de la famille" (Qada al-ousra), qui doit avoir "ses propres locaux" dans 70 tribunaux de première instance au Maroc, est "en marche", affirme-t-on au ministère de la Justice.
Le Code de la famille avait été soumis directement au parlement par le roi Mohammed VI. Il a été soutenu par l’ensemble des partis politiques, y compris le Parti justice et développement (PJD, islamiste modéré).
AFP
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