Maroc : les banques à l’heure du crédit halal

27 mars 2007 - 00h03 - Economie - Ecrit par : L.A

Les banques commerciales marocaines vont proposer à leurs clients, en mai, trois services halal. Ces produits, nouveaux dans le royaume chérifien, devraient séduire les fidèles soucieux de respecter les préceptes de leur religion.

En Arabie Saoudite, c’est monnaie courante, mais au Maroc, ce sera une première : dès le mois de mai, les banques commerciales du royaume chérifien pourront proposer à leur clientèle des services qui respectent la loi islamique. Le gouverneur de la banque Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, en a fait l’annonce, mardi, à Rabat. Les contrats accompagnant ces nouveaux produits bancaires permettent au client de mener des opérations dans le secteur de l’immobilier (Ijara et Mourabaha) ou de l’entreprise (Moucharaka), en ne contrevenant pas à leur croyance religieuse. Ils entrent ainsi dans le cadre du système de finance islamique, déjà appliqué en Afrique en Tunisie, en Egypte, au Sénégal ou encore au Soudan.

L’Association marocaine de protection et d’orientation du consommateur estime que cette initiative sera bénéfique, « d’autant plus que l’expérience dans d’autres pays a été bonne ». Son président, Bouazza Kherrati, résume les avantages de Ijara, Mourabaha et Moucharaka : « Avec ce partenariat entre le consommateur et l’institution bancaire, le client n’est plus utilisé comme source de revenu car il participe au développement de la société. Les banques ne perdront pas d’argent puisque ce système est basé sur le partenariat, l’investissement et le partage des bénéfices ».

Forte demande de services halal

La demande était, semble-t-il, importante pour de telles prestations. Car les services estampillés halal conviennent notamment aux musulmans et aux chrétiens, dont la religion interdit le riba - qui signifie, en termes financiers, aussi bien « l’usure » que « l’intérêt ». Ces fidèles ne veulent donc pas placer leur argent sur un compte classique rémunéré ou emprunter avec des intérêts. « Tout ça remonte au taux d’usure interdit par la religion. On ne peut pas vendre de l’argent en en gagnant dessus. Il fallait donc trouver un moyen pour que l’argent soit investi ou que les bénéfices soient partagés », confie un responsable de l’Association professionnelle des sociétés de financement du Maroc.

« Des milliardaires refusent de mettre leur argent à la banque pour ne pas recevoir d’intérêts. Ils disent aux banques qu’elles n’ont qu’à faire profiter aux pauvres des intérêts car eux ont assez d’argent », poursuit le responsable de l’APSF. Du coup, Ijara, Moucharaka et Mourabaha pourraient pousser ceux qui préféraient garder leur fortune chez eux à déposer leur argent dans une banque. Bouazza Kherrati prévient que le succès de l’Arabie Saoudite et des pays moyen-orientaux dépend d’une bonne vulgarisation des services qui seront proposés. « Il faut que leur fonctionnement soit bien expliqué au consommateur pour qu’il puisse bien les utiliser », insiste-t-il. Si des subterfuges ne sont pas trouvés pour détourner le riba, les clients devraient reconnaître que le compte est bon.

Afrik.com - Ben Crissa Bamogo

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Religion - Banques - Bank Al-Maghrib (BAM) - Halal - Finance islamique

Ces articles devraient vous intéresser :

Une campagne pousse les jeunes Marocains à prier

De jeunes Marocains ont lancé une campagne numérique pour inciter leur génération à cultiver une vie de prière, soulignant l’importance de celle-ci dans la pratique de leur foi musulmane.

Voici la date de l’Aïd el-Fitr en France

Débuté le 11 mars dernier, le mois du ramadan touche progressivement à sa fin. Le Conseil théologique musulman de France (CTMF) a annoncé samedi la date de l’Aïd al-Fitr marquant la fin de la période de jeûne à l’occasion de l’entame de la dernière...

Voici la date de l’Aid al adha en France

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) vient d’annoncer la date de l’Aïd al-Adha en France. Cette fête intervient le 10ᵉ jour du mois de Dulhijja (12ᵉ mois lunaire).

Marocains, n’oubliez pas de déclarer vos avoirs à l’étranger !

Franc succès pour l’opération de régularisation fiscale volontaire lancée récemment. Déjà près de 2 000 contribuables ont déclaré plus de 5,2 milliards de dirhams depuis le lancement de cette opération qui prend fin le 31 décembre.

Cheikh Mohammed Al Fizazi critique vivement la série de Mohamed Bassou

Le président de l’Association marocaine de la Paix et de la Transmission, Cheikh Mohammed Al Fizazi, a critiqué le comédien Mohammed Bassou pour sa série « Si Al Kala » diffusée sur sa page YouTube pendant ce mois de Ramadan, estimant qu’il ne fait que...

La solidité des banques marocaines confirmée

Dans son rapport annuel de stabilité financière en 2023, Bank Al-Maghrib (BAM) met en avant la solidité des institutions bancaires, principale source de financement de l’économie marocaine.

Le dirham marocain prend de la valeur par rapport à l’euro

Le dirham marocain s’est apprécié de 0,46 % vis-à-vis de l’euro et s’est déprécié de 0,19 % face au dollar américain entre le 08 et le 14 février 2024, selon Bank Al-Maghrib (BAM).

Bank Al-Maghrib évoque la flexibilité du dirham

Dans son rapport annuel 2023, Bank Al-Maghrib (BAM) s’est dit satisfaite des « bonnes conditions » dans lesquelles évolue la flexibilisation du régime des changes.

Ramadan 2025 au Maroc : quand débutera le mois sacré ?

Le mois de Ramadan 2025 devrait débuter le 1ᵉʳ ou le 2 mars, selon les prévisions. L’Aïd al-Fitr, qui marque la fin du mois sacré, est quant à lui attendu pour le lundi 31 mars 2025.

100 milliards de dirhams : l’amnistie fiscale bat tous les records au Maroc

100 milliards de dirhams. C’est le montant total des avoirs déclarés dans le cadre de l’amnistie fiscale au Maroc à la date du 1ᵉʳ janvier 2025.