"Il faut maintenant mettre fin à la double nationalité. Il faut choisir : on est Algérien ou Français, Marocain ou Français, mais on ne peut pas être les deux", a déclaré dimanche, l’eurodéputée et présidente du Front National français, Marine Le Pen, en réaction aux incidents qu’a connu la France après la qualification de l’Algérie aux huitièmes de finale de la coupe du monde 2014 au Brésil.
Jeudi soir, des milliers d’Algériens résidant en France ont célébré la victoire de leur équipe nationale dans différentes régions de France. Les festivités ne se sont pas passées sans heurts avec les forces de l’ordre qui s’étaient déployées pour encadrer les foules et leur interdire l’accès aux principales artères et zones à grande activité commerciale. Plus de 70 personnes ont été arrêtés.
Des incidents rapidement exploités par le Front National
Il est coutumier chez les Le Pen et leurs sympathisants de saisir toute affaire impliquant les Français d’origine étrangère pour remettre en question la politique migratoire de la France, dans l’unique but de dynamiter les acquis sociaux et politiques des immigrés et Français issus de l’immigration. Affaire Merah, voile intégral, produits halal ou encore l’Aïd Adha, tous les sujets sont bons pour discréditer et dénigrer les immigrés, notamment les Marocains et Algériens.
La réaction de Marine Le Pen concernant les incidents de jeudi a été quasi immédiate. La présidente du FN n’a pas mâché ses mots, dimanche, sur le plateau du Grand rendez-vous Europe 1, i>TELE, Le Monde, en déclarant qu"Il faut maintenant mettre fin à la double nationalité" et "arrêter l’immigration".
Les aspirations de Le Pen sont d’autant plus inquiétantes qu’aux élections européennes, les votes extrêmes ont réussi une percée historique.Le revirement de plus en plus marqué de la société européenne vers la droite s’expliquerait par les incertitudes suscitées par la crise économique.
Ce climat délétère et les débats incessants sur l’immigration en France nourrissent les inquiétudes des immigrés Marocains quant à leur avenir et celui de leurs enfants nés ou grandi dans ce pays. Si certains d’entre eux décident de rentrer définitivement au Maroc, d’autres restent et choisissent de défendre leurs droits en s’engageant politiquement ou artistiquement. D’autres encore mettent les voiles vers le Canada ou les pays du Golfe.
En 2011, plus de 20.000 Marocains, âgés pour la plupart de 25 à 40 ans, ont quitté l’Hexagone pour venir vivre au Maroc, selon une étude menée par l’Association démocratique des Français à l’étranger (ADFE). En 2012, la moitié de la communauté française établie au Royaume était constituée de binationaux Franco-Marocains, soit 20 000 individus, d’après les chiffres avancés par les autorités consulaires françaises au Maroc.