L’hebdomadaire français Marianne (numéro 1407) a été interdit de distribution au Maroc, en raison d’un dessin caricatural jugé offensant pour le prophète Mohammad.
« Il n’y a aucun sujet dont on n’a pas le droit de parler au Maroc ». La phrase de Khalid Naciri, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, n’est pas sans rappeler celle de son prédécesseur, Nabil Benabdellah (« il n’y a aucun sujet tabou ») alors invité du Club L’Economiste. Naciri intervenait, samedi 24 mai, à l’école des Hautes études en management (HEM).
Entre ce gouvernement et le précédent, il y a visiblement continuité, du moins en matière de politique audiovisuelle et de la liberté d’expression. Sur ce chapitre, « il n’y aura pas de retour en arrière. La liberté d’expression est un choix définitif », martèle le ministre. « Tout comme le choix de la démocratie », ajoute-t-il. A ce jour, il existe 420 titres et plus de 3.000 cartes de presse, selon les données du ministère.
Un bémol, « l’accompagnement moral de cette liberté est en retard avec l’ouverture d’esprit officielle ». En clair, la liberté d’expression doit être protégée par des valeurs éthiques et déontologiques. « On n’a pas le droit de diffamer », cite Khalid Naciri en exemple. « C’est pour éviter que les sacrifices des militants ne profitent aux marchands pour qui la presse est une source de bénéfice, sans plus », explique Naciri.
Nouvelles radios et télés
En conséquence, le projet de code de la presse en chantier vise à encadrer la liberté d’expression en définissant clairement les lignes rouges : « religion, intégrité territoriale et monarchie ».
Et lorsqu’on enfreint la loi, il faut s’attendre à ce que l’on soit puni, prévient Khalid Naciri. « Le projet de code réduit considérablement les peines privatives de liberté. Il ne devrait en contenir que quatre », affirme-t-il. Le maintien de ces peines est l’un des points de discorde avec la profession.
Toujours sur la continuité intergouvernementale, la poursuite de l’ouverture du champ audiovisuel aux opérateurs privés. « De nouvelles radios et télévisions privées seront lancées prochainement », assure Naciri. Ce dernier a profité de l’occasion pour faire la promotion de la télévision sur mobile, démonstration à l’appui. « Le Maroc est parmi les sept ou huit premiers pays au monde à proposer ce service », a-t-il annoncé.
Au sujet de la TNT, le ministre reconnaît que ce n’est pas encore le grand engouement. Mais, dans une logique de préparation à l’abandon mondial de l’analogique vers 2012, le Maroc est bien placé.
La mesure d’audience est un autre chantier en cours et qui va « tordre le cou à plusieurs idées reçues », prévient le ministre. L’allusion est faite à l’idée (presque vraie) que les chaînes nationales ne sont pas trop regardées par les nationaux. Peut-être parce que les chaînes satellitaires ont plus de moyens ce qui leur permet de proposer une grille de programme de meilleure qualité. Khalid Naciri cite un chiffre : « Tous réunis, les budgets des chaînes nationales représentent, au plus, le quart du budget d’Al Jazeera ! »
La fermeture de la version Maghreb de la chaîne qatarie figurait parmi les questions pour lesquelles Naciri a été interpellé. Réponse brève et ferme : « Al Jazeera n’a pas encore régularisé sa situation ». Au cours de son exposé, le ministre a bien précisé que parmi les avancées notables, la création de la Haca qui signifie, entre autres, que l’ouverture ou la fermeture d’une télévision ce n’est plus l’affaire du gouvernement. C’est valable aussi pour le cas Al Jazeera.
Source : L’Economiste - Nabil Taoufik
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