Quand on parle des Marocains résidant à l’étranger, on pense à ceux vivant en Europe et l’on oublie ceux qui vont travailler dans les pays du Golfe, relève La Gazette du Maroc. Pourtant, ces derniers représentent 10 % des émigrés, soit plus de 31 000 personnes dont 20 000 en Arabie Saoudite, plus de 8 000 aux Emirats arabes unis et près de 3 000 dans le sultanat d’Oman, précise l’hebdomadaire marocain.
"Cette migration souffre d’une juridiction qui handicape le statut de l’immigré", souligne Abdelfattah Ezzine, sociologue marocain, dans les pages de La Gazette. En effet, le travailleur immigré dans ces pays "est appelé à effectuer une tâche précise qui va durer tant que le marché lui est favorable et que l’employeur est satisfait. Une fois le contrat rompu, il est renvoyé dans son pays. Il n’y a pas de droits acquis par une ancienneté quelconque, et les enfants nés là-bas n’ont pas droit à la nationalité du pays. D’ailleurs, dans les pays du Golfe, le mariage mixte n’est pas toléré par la loi."
Pis, l’immigré se trouve sous la coupe du kafile. "Ce parrain ou tuteur lui retire son passeport et lui fournit une carte de travail faisant office de pièce d’identité. Il n’a droit à aucune activité à caractère syndical ou autre visant à défendre ses droits. Le kafile a tous les pouvoirs sur son salarié et les deux parties ne bénéficient pas du même traitement devant la loi du pays d’accueil." De ce fait, la majorité des immigrés dans les pays du Golfe se trouvent lésés.
Quand il s’agit de défendre les droits des immigrés, on se limite à critiquer les lacunes dont souffrent les lois en vigueur dans les pays occidentaux, observe le sociologue. On oublie l’absence d’encadrement juridique des immigrés, non seulement dans les pays du Golfe, mais dans tout le monde arabe. "Et les femmes sont le maillon le plus fragile et fragilisé par cette situation", insiste Abdelfattah Ezzine, qui appelle de ses vœux une réforme définissant le statut des immigrés dans les pays du Golfe et, plus généralement, "l’élaboration d’une politique de migration arabo-arabe".
Courrier International