Au Maroc, les femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint pourraient avoir à verser une pension alimentaire (Nafaqa) à ce dernier en cas de divorce, a récemment affirmé Abdellatif Ouahbi, le ministre de la Justice.
Les Marocains sont plusieurs centaines de milliers à vivre en Belgique. Nos compatriotes représentent une des plus importantes communautés étrangères établies au Royaume des Flandres.
Les statistiques font état de 500.000 membres mais, en raison d’une forte proportion de bi-nationaux, ils seraient nettement plus nombreux. Ils ont tous entendu parler de la réforme de la moudawana mais rares sont ceux à en maîtriser les tenants et aboutissants. Beaucoup en ignorent la substance.
Du coup, les problèmes d’application, de mauvaise interprétation, de non-compréhension sont le lot quotidien des associations belges qui œuvrent dans le créneau de la femme en particulier et des droits de l’homme en général. Forcément, se pose le problème de l’intégration d’une population au sein de l’espace social belge. Et, forcément, le gouvernement belge ne peut rester indifférent puisqu’il s’agit avant tout de citoyens qui, naturalisés ou pas, vivent tout de même sur le territoire et disposent des mêmes droits.
C’est probablement une des raisons majeures de l’intérêt porté par Laurette Onkelinx, vice-Premier ministre, ministre de la Justice et des Cultes de Belgique. Elle s’est d’ailleurs rendue au Maroc ce week-end pour assister aux travaux d’un colloque sur les « Femmes et sociétés en transition ». Initié par l’association belge Amazone, en collaboration avec « Citoyens d’ici et d’ailleurs » et la Ligue démocratique des droits des femmes (LDDF), le séminaire, qui s’est ouvert samedi 4 février, était avant tout un lieu d’échange des expériences marocaine, turque et iranienne sur les droits des femmes. Les trois nationalités ont d’ailleurs été invitées à exposer les modèles en vigueur dans leur pays et les difficultés qu’elles rencontrent quotidiennement. Bien sûr, les réformes de la moudawana sont un « exemple dans la région ».
Laurette Onkelinx parle de « révolution » et, partant, de « temps nécessaire pour que les mentalités changent ». En tant que militante, elle soutient les « projets de partenariat qui contribuent à promouvoir une société égalitaire ». Celui qu’elle appelle « projet de diplomatie préventive » intègre les partenariats que l’association Amazone entend nouer avec les Marocaines, les Turques et les Iraniennes. Les femmes, originaires de trois contrées distinctes, sont très différentes, vivent dans des environnements qui peuvent s’opposer sur certains aspects. En revanche, elles partagent toutes le même désir, celui des valeurs humaines universelles d’égalité et de respect des droits de l’homme. « Nous menons toutes des combats et sommes forcément impliquées dans des projets d’égalité entre les hommes et les femmes dans leurs différences », dira Onkelinx. Pour le Maroc, il s’agira d’abord d’appliquer convenablement les nouvelles dispositions. « En Belgique, de nombreuses femmes ignorent les nouvelles lois, alors que d’autres assistent au viol des nouvelles dispositions », affirme-t-elle. La responsabilité « incombe à tous », rétorque Zhor Horr, présidente du premier tribunal de la famille casablancais. Juges, avocats, adouls, journalistes, citoyens qui méconnaissent les lois... tout le monde est responsable. Il faudra certainement du temps, car « le Maroc est en transition ». Fouzia Assouli, secrétaire nationale de la LDDF, estime, elle aussi, que cette transition est « la période la plus délicate ». Le combat pour les femmes est devenu, au fil des années, un combat pour les droits humains et l’instauration de sociétés égalitaires.
Amale Daoud - L’Economiste
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