Les experts et chercheurs ayant participé à cet atelier s’accordent à reconnaître que la répression envers les cultivateurs de cannabis s’est avérée improductive. Ils ont étudié la possibilité de mieux exploiter les vertus thérapeutiques et récréatives de la plante, rapporte TelQuel. "Face à cette problématique, tout a été essayé et rien n’a marché. On ne peut pas aller à contre-courant. Il faut désormais faire un choix", indique Camelia Benaskour, consultante en stratégie d’entreprise.
La production de cannabis dans les régions d’Al-Hoceima, Chefchaouen et Ouazzane nourrit environ 90 000 ménages, soit plus de 700 000 personnes, indiquent les statistiques du ministère de l’Intérieur. Selon Mohamed Alifriqui, professeur-chercheur en écologie végétale et forestière à la Faculté des Sciences Semlalia (Université Cadi Ayyad de Marrakech), cette production reste archaïque et contrôlée par les cartels de drogue.
L’universitaire explique que les cultivateurs de la région reçoivent des graines de cannabis synthétiques contenant un taux important de tétrahydrocannabinol (THC), la principale substance psychoactive du cannabis de la part des réseaux criminels. Avec ces nouvelles graines, le rendement est plus important que le cannabis beldia du terroir. Mais ces graines "ont des répercussions importantes sur la déforestation et la consommation en eau", alerte El Kacimi Kamal, ingénieur agronome et coordonnateur d’un programme de développement communautaire agricole. De plus, ce sont ces réseaux criminels qui tirent gros profit du trafic au grand dam de la population de la région.
La prohibition de la culture du cannabis remonte au 22 décembre 1932. À cette époque, le protectorat français avec le dahir avait pris cette décision. Sauf qu’aujourd’hui, la légalisation du produit s’avère plus que nécessaire. Selon Prohibition Partners, groupe de réflexion sur la dépénalisation du cannabis, ce produit pourrait rapporter au Maroc 944 millions de dollars dès la première année de sa légalisation. "Il faut que l’État contrôle la production et la commercialisation du cannabis", propose Camelia Benaskour. De même, la consultante en stratégie d’entreprise suggère la création d’une zone franche pour la vente et la consommation de cannabis, une "mini-Amsterdam", ce qui pourrait attirer un tourisme cannabique.