Le Maroc tente la piste du tourisme rural

25 février 2003 - 14h57 - Maroc - Ecrit par :

Le Maroc semble déterminé à faire du créneau du tourisme rural un pôle de développement économique et social de ses zones enclavées. Les provinces du nord, avec pour commencer, celles de Chefchaouen et d’Al Hoceima, vont servir de zones laboratoires.

Ce sont ces provinces, en effet, qui vont bientôt connaître le lancement de deux projets pilotes avant que les pouvoirs publics ne décident l’extension de cette expérience aux autres provinces de cette partie du Royaume et, enfin, à l’ensemble de ses arrière-pays. Selon nos informations, l’étude de faisabilité de ces deux projets serait actuellement en cours de finalisation.
Ces projets pilotes -élaborés par des experts de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) pour le compte à la fois du ministère du Tourisme et de l’Agence du nord- sont structurés autour de deux principales composantes. La première, combinant entre culture et nature, est prévue dans la zone de Chefchaouen-Parc Talassamtane. Un choix qui se justifie, outre par les atouts culturels dont dispose cette province, en abritant, entre autres arguments, la plus ancienne des mosquées que compte le Maroc, par la volonté de corriger l’image négative qui colle au tourisme rural dans cette région.

Chefchaouen et Al Hoceima : provinces” laboratoires”

Plus concrètement, les projets qui seront lancés dans cette province concernent l’aménagement d’un local qui représenterait une sorte de « vitrine » à travers laquelle les visiteurs pourraient se faire une idée sur les potentialités de la province. Cette « vitrine » ferait, donc, une sorte de « Syndicat d’initiatives » au service des touristes comme de la région, en mettant en valeur ses atouts, culturels et naturels.
Est prévu, également, l’aménagement du Pont de Dieu, cette arche naturelle que l’Oued Farda aura formée en creusant des gorges dans le massif calcaire. Cette arche étant haute d’une soixantaine de mètres, l’action à mener portera sur l’installation de deux panneaux explicatifs, l’un sur le phénomène géologique ayant façonné l’arche elle-même, et l’autre, sur les mesures de sécurité à observer par les visiteurs.
L’une des finalités principales du tourisme rural étant la reconversion des populations des zones enclavées à des activités génératrices de revenus et créatrices d’emplois, deux gîtes d’étape devront être construits et aménagés sur les territoires de deux communes rurales, Talembote et Ammetras. Restons dans la commune rurale de Talembote pour souligner que le même Douar où sera construit un gîte d’étape, celui d’El Kelâa en l’occurrence, connaîtra la restauration et la mise en valeur de l’un de ses derniers greniers collectifs.
A Chefchaouen même, cette fois-ci, un établissement de formation aux métiers du tourisme rural, dont les accompagnateurs et guides de montagne, devra à terme voir le jour.
L’autre composante, prévue quant à elle dans la zone d’Al Hoceima-Parc d’Al Hoceima, combine entre balnéaire et nature. L’objectif recherché à travers cette option, consiste à donner un nouveau souffle au tourisme balnéaire qui caractérise cette région en lui assurant un prolongement dans l’arrière-pays de la province.
Comme pour la province de Chefchaouen, l’aménagement d’un local « vitrine », espace d’accueil, d’information et d’orientation des visiteurs fait partie des chantiers à lancer dans celle d’Al Hoceima. Mis à part ce point commun, le reste des projets identifiés dans cette province sont spécifiques.
On peut en citer la restauration d’une maison forestière dans la cédraie de Tidighine, l’aménagement d’une aire de camping à proximité du Douar de Torrès El Kelâa ou, encore, la réhabilitation et la mise en valeur de la casbah du village Snada. Structuret ce projet pilote, aussi, l’aménagement d’une maison de mer et du pêcheur ainsi que d’un aquarium à Al Hoceima.
Voilà qui devrait permettre, et c’est là la raison même de la stratégie de développement du tourisme rural, qu’elle soit nationale ou régionale, de confectionner une offre touristique. Une offre organisée autour de la notion de « pays touristique », à savoir une ou plusieurs entités régionales possédant une identité marquée et disposant d’un minimum de savoir en ce qui touche à l’accueil des touristes.

Stratégie dans la stratégie
Ces deux projets pilotes traduisent la stratégie spécifique aux provinces du nord en ce qui concerne le développement du tourisme rural. Elle doit son existence au fait que le tourisme figure parmi les “axes prioritaires” du Programme économique et social intégré (PESI) de l’Agence du développement des provinces du nord. D’où les initiatives entreprises
Pour remédier à ses déséquilibres, la CIMR commence par réformer ses statuts par les dirigeants de l’Agence du développement des provinces du nord auprès des services du ministère du Tourisme pour que place soit faite aux provinces du nord dans la stratégie nationale relative au développement du tourisme rural. Pour rappel, cette étude de la stratégie de développement du tourisme rural a été validée par le ministère du Tourisme en juin 2002.
L’Agence du nord s’est par ailleurs engagée à prendre part au financement des projets qui ont pu être identifiés dans le cadre de cette même étude de stratégie spécifique, nous ont indiqué des sources de la Cellule du développement touristique, structure rattachée à la direction générale.
Mais, poursuivent les mêmes sources, l’apport de l’Agence dans le domaine de la valorisation du potentiel touristique des provinces du nord aura consisté, et dès sa créance, à engager des projets structurants.
Affirmations que nos interlocuteurs de la Cellule du développement touristique appuient en évoquant un certain nombre d’actions qui ont été engagées dans ce sens. Parmi lesquelles, la construction de la rocade méditerranéenne, le programme de construction de 1400 km de routes rurales ainsi que la création de la zone spéciale de développement “Tanger Méditerranée” qui à son tour comprend des zones de développement touristique. S’ajoutent à cette liste d’actions, qui selon les cas sont directes, indirectes, d’accompagnement ou lancées dans le cadre d’un partenariat, les réalisations en matière d’électrification rurale et d’alimentation en eau potable.

Mokhtar GHAILANI

Liberation Maroc

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