De nombreux artistes marocains dénoncent l’avidité des organisateurs de festivals à s’accaparer du cachet du chanteur en échange de l’inscription de son nom à l’un des évènements d’été. Ils appellent le ministère de la Culture à intervenir.
Le Festival international de Marrakech propose du 3 au 8 octobre dans cette ville impériale du sud marocain plus de 70 films, depuis les avant-premières en plein air dans le cadre féerique du Palais El Badii aux projections populaires sur la place Jemaa El Fna.
Cette troisième édition d’un festival, dont "l’enjeu économique est majeur", selon André Azoulay, conseiller du roi Mohammed VI, sera présidée par l’actrice française Nathalie Baye.
Un hommage sera rendu au réalisateur américain Oliver Stone, qui a donné le 22 septembre au Maroc le premier tour de manivelle d’"Alexandre le Grand", avec Colin Farrell et Alexandra Jolie.
Seront également honorés l’Américain Ridley Scott - qui y a tourné des scènes de "Gladiator" et de "La chute du Faucon noir", et y prépare son prochain tournage -, Alain Delon et les comédiennes Yousra (Egypte), Amina Rachid (Maroc) et la star indienne Amitabh Bachchan, qui recevra vendredi soir une Etoile d’or des mains du comédien Gad Elmaleh.
Le Festival saluera la mémoire de son président Daniel Toscan du Plantier, dont la disparition brutale en février dernier a assombri les préparatifs de la manifestation.
La préparation de l’édition 2003 a également été marquée par les attentats de Casablanca, en mai dernier. "L’adversité ne nous décourage pas", assure André Azoulay, vice-président de la Fondation du Festival. "On continue et il est hors de question de remettre quoi que ce soit en cause parce que justement certains veulent nous terroriser".
Après Casablanca, le festival "ne peut pas se contenter de n’être qu’une vitrine de divertissement, il doit être une ouverture sur le monde", estime-t-il.
Ce qu’il fait en proposant des films d’Inde, de Bosnie, de Russie, d’Iran, des Etats-Unis, de Cuba, du Japon et dans la nouvelle section "Mawahib" (Talents), consacrée à la découverte d’oeuvres novatrices, des films d’Argentine, d’Afrique du Sud, du Kazakhstan, d’Irak et d’Israël.
"Mille mois", premier film de Faouzi Bensaïdi, primé à Cannes, ouvre le Festival vendredi soir. "S’il fait l’ouverture, c’est d’abord parce qu’il est très bon, avant d’être marocain", souligne André Azoulay. "Le cinéma n’est pas un art dont on apprécie la qualité en fonction du passeport".
"Ce n’est pas un festival ethnographique, ni national, ni géographique, ni tiers-mondiste, ni sud-nord, ni nord-sud. C’est un festival international dont les films sont choisis à partir des mêmes critères de qualité qu’à Berlin, Venise et Cannes", des aînés que Marrakech aspire un jour à égaler.
Sa création a été "inspirée par une réflexion à la fois artistique, esthétique, événementielle et surtout économique", précise André Azoulay. Le Maroc, qui a prêté ses paysages à "Lawrence d’Arabie", "L’hommme qui voulut être roi", "Othello" ou "Kundun", est "une sorte de terre élue pour le cinéma", selon lui.
"Ce sont plusieurs dizaines ou centaines de millions de dollars qui sont à la clé en termes d’investissement. Ce sont des dizaines de milliers d’emploi, dit M. Azoulay. Et le festival est une plate-forme privilégiée pour faire connaître et apprécier ce que nous pouvons offrir en termes de beauté, de lumière, de diversité et en termes de compétitivité".
"C’est une motivation stratégique qui s’inscrit sur le long terme et un enjeu économique majeur car l’industrie du cinéma a une valeur ajoutée, notamment sociale, en terme de création d’emploi et que nous voulons fonder une partie de notre croissance sur ces métiers là".
Source : Courrier International avec l’AFP
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