Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.
Après le choc, les larmes, la colère à peine contenue, il faut réapprendre à vivre. La vie continue malgré tout, envers et contre tout, la vie et rien d’autre.
Dans le fracas des bombes, au bout de l’image de jeunes Marocains qui s’explosent, se font human bomb et sèment la mort et la terreur au nom de l’innommable, il faut pourtant essuyer ses larmes, panser les plaies, tenter la douloureuse et difficile entreprise que celle de fermer cette blessure béante.
La barbarie est dans nos murs. Et c’est la vie, rien que la vie qui doit être apportée comme seule et unique réponse. Le Maroc a eu son 16 mai et, depuis, on n’a jamais autant parlé de fracture sociale, de bidonvilles, d’habitat insalubre, de ceinture de misère, de précarité. Des vies de rien surgissent pour envahir soudain notre quotidien aussi confortable qu’installé.
Nous regardions donc ailleurs, alors qu’une réalité indicible était sous nos yeux, là à quelques encablures de la vraie vie, de l’autre côté du soleil, comme ont coutume de dire les jeunes de ces quartiers trop longtemps livrés à eux-mêmes.
Il y a aussi des mots que nous découvrons soudain, à l’image de M. Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir. Et depuis nous en faisons une consommation effrénée mais bien tardive. Ainsi donc, la tolérance a été mise en péril. Tolérance par-ci, tolérance par-là. Le mot est dans tous les discours, les recommandations, les monuments de bons sentiments. C’est le mot-sésame, au risque d’être galvaudé et peut-être jamais compris. Prendrons-nous enfin conscience que la tolérance commence à l’intérieur de la maison et se poursuit à l’école ? Que la tolérance devrait sonner le glas de « Maman est à la cuisine et papa travaille ». Que les manuels scolaires, agréés par le ministère de tutelle ont besoin d’un sérieux coup de tolérance pour que nos enfants n’aient plus à lire que le jihad est valable pour ceux qui ne font pas leur prière (cours d’éducation islamique) .
Depuis le 16 mai, l’urgence est sur tous les fronts. Il est probablement faux de penser et vite conclure que les bidonvilles produisent l’extrémisme. Mais il est fondé d’affirmer que l’école est le lieu propice à la lutte contre la barbarie par l’apprentissage des valeurs d’ouverture et de tolérance et que la culture, et surtout la consommation de produits culturels modernes, est la meilleure résistance à l’extrémisme et à l’obscurantisme.
lematin.ma
Ces articles devraient vous intéresser :