Le Maroc va bientôt doter son armée de l’air de cinq hélicoptères H135 qui remplaceront l’AB206 pour la formation des pilotes dans les missions de transport, de recherche et de sauvetage.
Un nouveau mensuel a fait son apparition en février dans les kiosques du royaume : Police Magazine.C’est un journal improbable, sans équivalent dans le monde arabe, un mensuel qui marie l’eau et le feu : le directeur de la publication est un général, Hamidou Laânigri, bête noire des défenseurs des droits de l’homme, et le rédacteur en chef, un journaliste qui a fait ses classes dans la mouvance du Journal, l’hebdomadaire le plus contestataire du pays. Le reste de l’équipe est à l’avenant, qui mélange des commissaires de police, enseignants à l’école de police, et des journalistes professionnels.
Tiré à 50 000 exemplaires, avec une version en français et une autre en langue arabe, le premier numéro, riche d’un peu plus de cinquante pages, alterne reportages, sujets de société et chroniques impertinentes. Sous le titre "Un tueur nous a parlé", un journaliste raconte sa visite en prison à un Marocain condamné il y a peu à la peine capitale pour une série de crimes et d’actes de pédophilie. Comme s’il s’agissait d’appâter le chaland, l’article annonce que le récit du meurtrier est "riche de détails concernant chacun de ses actes".
Les âmes sensibles pourront se rabattre sur un autre reportage plus classique : "Une nuit avec les flics" ou peser les arguments d’un vieux débat sur le thème "Faut-il légaliser les drogues douces ?" Cerise sur le gâteau : les brèves de Police Magazine, empruntées à d’autres journaux, évoquent les dérapages d’une brigade de police de proximité à Casablanca et à Meknès, et de "violents affrontements" entre étudiants et forces de l’ordre à Fès.
Le magazine, explique son rédacteur en chef, Younès Jaouhari, ambitionne de "réconcilier la police avec le citoyen". "Nous voulons que police ne soit plus synonyme de répression. Il faut qu’émerge l’image d’une police citoyenne", explique-t-il. C’est aussi l’objectif du général Laânigri, directeur du mensuel mais surtout patron de la Sûreté nationale après avoir dirigé pendant plusieurs années la DST, le plus redouté des services de sécurité du royaume. Dans son éditorial, celui que l’on présente comme l’homme fort de la monarchie dresse le tableau du policier dont il rêve : "Fier de son uniforme sans être arrogant, accueillant sans être ni laxiste ni obséquieux et présent sur le terrain sans être oppressant." Appartenant à une police "qui agit dans la transparence et le respect des textes", conclut-il.
Quelques pages plus loin, dans un long entretien, le général parle en chef d’entreprise des 50 000 personnes qu’il dirige dont des "docteurs, des chercheurs, des penseurs, des stratèges". Il évoque des "structures orientées clients"et vante les vertus de la communication.
"BEAUCOUP DE PUB"
Police Magazine va-t-il percer sur le marché du magazine ? Younès Jaouhari est convaincu que le journal, vendu au même prix que les magazines féminins, il est vrai beaucoup plus copieux, a tout pour réussir. Son directeur à casquette lui laisse une liberté totale.
L’argent ne semble pas être un problème. La sortie du premier numéro a été accompagnée d’une campagne d’affichage à Casablanca. D’autres vont suivre dans les agglomérations du royaume. Une augmentation de la pagination est aussi prévue en même temps que des embauches de rédacteurs. Et la publicité rentre. Les concessionnaires automobiles, les compagnies d’assurances, les firmes informatiques... Tout le monde veut être dans Police Magazine. "Beaucoup de fournisseurs du ministère de l’intérieur ont demandé à passer de la pub", confirme le rédacteur en chef. Mais les lecteurs seront-ils au rendez-vous ?
Jean-Pierre Tuquoi - Le Monde
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