Après avoir changé sa position sur la question du Sahara, la France a adopté la carte complète du Maroc et de ses provinces du Sud. C’est du moins ce que semble montrer la télévision française.
Après Paris, qui l’a accueilli en visite officielle du 29 novembre au 4 décembre, et un passage par l’Arabie saoudite, où il a participé au sommet du Conseil de coopération du Golfe, Cheikh Sabah al-Ahmed al-Jaber al-Sabah a mis le cap sur le Maroc.
Pour sa première visite officielle dans notre pays, l’émir du Koweït est accompagné d’une importante délégation. Les ministres des Affaires étrangères et des Finances sont ainsi du voyage, de même que le président du Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (FKDEA) et le vice-président de l’Autorité koweïtienne d’investissement. La présence de ces deux derniers dans la délégation officielle est particulièrement remarquée. Si elle est une affirmation de la solidité des relations politiques entre le Maroc et le Koweït, la visite du Cheikh Sabah al-Jaber al-Sabah offre surtout une opportunité pour la relance de leur coopération économique.
De sources koweïtiennes, on avance la participation du FKDEA dans le financement du projet de construction de l’autoroute Fès-Oujda. De fait, ce sera le 31e crédit accordé par le fonds au Maroc depuis 1966. Le Koweït est également présent dans le financement des projets de l’autoroute Rabat-Larache, Rabat-Fès, Casablanca-Settat, Casablanca-El Jadida et du premier tronçon d’autoroute reliant Settat et Marrakech. En termes de montants globaux, les routes arrivent en bonne place dans la liste des projets financés, qui embrassent les secteurs des barrages, de l’eau, de l’exploitation des phosphates, de l’électrification rurale et de l’infrastructure de base. Au total, et en dehors du projet d’autoroute Fès-Oujda, les prêts du Koweït au Maroc ont atteint 1 milliard de dollars américains.
Mais c’est au niveau de l’investissement que le Koweït est très attendu au Maroc. Le pays, devenu attractif pour les investissements venus du Golfe, compte une participation koweïtienne encore timide. Le Consortium maroco-koweitien de développement (CMKD) a certes initié des opérations, mais elles restent en deçà du potentiel et des ambitions des deux parties.
La présence de l’émir du Koweït aujourd’hui au Maroc est porteuse de sens. Il est d’abord politique, puisque la visite officielle de deux jours intervient la même année de l’accès du Cheikh Sabah al-Jaber Al-Sabah à la tête de l’Etat du Koweït (le 29 janvier 2006). Elle dit ainsi toute la priorité accordée au Maroc. Un intérêt partagé, puisque S.M. Mohammed VI a effectué en 2002 une visite officielle au Koweït.
Aujourd’hui, Cheikh Sabah al-Jaber al-Sabah, qui affiche l’ambition de renforcer « la défense nationale » et de « moderniser l’économie », intègre la politique des investissements extérieurs dans sa stratégie visant à briser la dépendance de l’économie du pays aux seules recettes du pétrole. Le Koweït semble aujourd’hui sortir la tête de l’eau et dépasser les difficultés économiques que les responsables imputaient aux séquelles de la guerre du Golfe. L’offensive économique profitera-t-elle au Maroc ?
L’Economiste – K.R.
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