Algérie : la police recherche activement sept Marocains
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Le Maroc a annulé la nécessité pour les citoyens algériens de posséder un visa. La mesure n’est pas très bien accueillie en Algérie, où elle est perçue comme une tentative de forcer les autorités algériennes à s’impliquer dans les négociations sur le Sahara, et à changer de position.
"Les autorités marocaines ont décidé de lever l’exigence du visa pour les ressortissants algériens”, annonce le quotidien marocain L’Economiste. Les citoyens “n’ont pas à subir les conséquences du différend qui oppose les deux gouvernements” sur le Sahara, explique le journal. De son côté, le quotidien La Tribune, d’Alger, dénonce “la tentative marocaine d’engranger des effets positifs à travers la suppression du visa au détriment de l’Algérie". Pour le journal algérois, cette mesure “remet au goût du jour un Maroc amical et veut démarquer une Algérie assignée au rôle peu flatteur de méchant". La mesure administrative, prise unilatéralement par les autorités marocaines, est “dans la logique des choix du royaume, c’est-à-dire une option sur l’ouverture internationale”, estime L’Economiste. Le royaume alaouite cherche ainsi à relancer les négociations avec l’Algérie sur la question du Sahara.
"La priorité des priorités pour le Maroc demeure l’intégrité territoriale du pays”, annonce le quotidien Aujourd’hui le Maroc. Le royaume a rappelé sa volonté de maintenir dans son territoire la région du Sahara, l’ancien Sahara espagnol, annexé en 1975 par l’armée marocaine. Pour preuve, la récente nomination d’Ennajem Abhay, pour qui “la marocanité du Sahara n’admet aucune remise en cause”, selon Aujourd’hui le Maroc, au poste de gouverneur de Boujdour, une région du Sahara.
Voilà vingt-neuf ans, Hassan II s’emparait sans autorisation, sans violence et sans concertation du Sahara espagnol, prenant de vitesse le Front Polisario, partisan d’une indépendance du Sahara, Madrid, engagé dans le processus de décolonisation, et Alger. Le conflit qui avait alors opposé le Polisario et le Maroc avait failli dégénérer en guerre ouverte entre le royaume alaouite et l’Algérie. En 1991, un cessez-le-feu officiel entrait en vigueur.
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a rappelé, dans une lettre adressée mardi 3 août au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, que le dossier sahraoui demeurait “un problème de décolonisation” qui engage les autorités marocaines. Il a par ailleurs réaffirmé “le soutien de l’Algérie au droit à l’autodétermination des Sahraouis” par la tenue d’un référendum.
En 2003, un projet de solution avait été mis en place sous l’égide de l’ONU, le plan Baker. Objectif : relancer un dialogue entre le Maroc et le Polisario, dans l’optique d’un référendum. Aujourd’hui, la politique algérienne consiste à se détacher de ces négociations. “En cherchant à forcer la main aux Algériens avec son initiative unilatérale de suppression du visa imposé à nos ressortissants et en tentant, avec la complicité de Paris et de Madrid, d’impliquer l’Algérie dans le dossier sahraoui, Rabat n’a rien gagné au change”, s’indigne le quotidien Liberté.
"L’Algérie ne se considère guère engagée par les décisions unilatérales du Maroc”, déclare La Tribune, d’Alger. Le quotidien remarque qu’il est “significatif à cet égard qu’aucune réaction officielle n’ait été enregistrée au lendemain de la décision marocaine". De son côté, Maroc Hebdo rappelle que, dans le royaume alaouite, “la position de principe était la suivante : pas d’imposition d’un quelconque plan de paix, pas de solution qui ne soit préalablement négociée et mutuellement acceptée".
Selon l’hebdomadaire, qui laisse entendre que les positions du Maroc sur le dossier étaient plutôt isolées jusqu’à présent, Rabat a vu dans l’Espagne un nouvel allié de sa solution politique après des déclarations du Premier ministre José Luis Zapatero, en mars dernier, perçues comme annonçant un revirement. “La réévaluation de la politique étrangère de Madrid au Maghreb, et en particulier dans l’affaire du Sahara, avec le passage d’une neutralité passive à une neutralité dynamique pour une solution politique à ce propos, ne peut être qu’un facteur significatif dans cette voie”, déclare Maroc Hebdo. “Le renforcement des relations Rabat-Washington n’est évidemment pas étranger à cette nouvelle équation de la question du Sahara”, ajoute le magazine.
Les espoirs de Maroc Hebdo et du gouvernement marocains ont cependant été rapidement douchés, Madrid faisant savoir que sa ligne politique sur le Sahara ne changeait pas. Ainsi, La Tribune annonce qu’"après avoir tergiversé sur la question du Sahara, en affirmant que la péninsule Ibérique se prononçait pour un règlement du conflit dans le cadre d’un dialogue entre l’Algérie et le Maroc, le gouvernement Zapatero vient à nouveau de changer sa position".
Etienne Vicard - Courrier International
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