
Ancien grand espoir du football, l’international marocain Hachim Mastour, 25 ans, qui évolue au poste d’ailier ou de milieu offensif à l’Union Touarga en première division marocaine, connait une profonde phase de dépression.
Le Maroc vient de gagner une équipe. Il vient en même temps de redécouvrir que sa population – sa jeunesse en particulier – était animée d’un fort sentiment d’appartenance identitaire ; encore fallait-il lui donner la possibilité de l’extérioriser.
Une équipe donc, jeune, volontaire, talentueuse mais aussi (et surtout) plurielle.
Plurielle en ce sens qu’elle représente la jeunesse marocaine dans sa diversité : en effet, dans sa composition se mêlent, se complètent, s’harmonisent jeunes du Royaume et jeunes Beurs. C’est ce mélange qui a créé la synergie, l’émulation, qui ont donné le résultat que l’on connaît : la réussite ! En 1984, les jeunes Maghrébins de France inventaient un slogan : « La France est comme une mobylette, pour avancer, il lui faut du mélange ». Sans être transposable à l’identique, ce mot d’ordre illustre bien notre jeunesse à nous : le métissage entre jeunes Marocains de l’extérieur et de l’intérieur provoque une dynamique. Cette osmose est bénéfique, elle est nécessaire ! Ce qui s’est révélé vrai dans le football, peut et doit être dans d’autres domaines.
Les jeunes Beurs vivent dans un environnement paradoxal : favorable sur bien des plans, il est aussi amer en raison du racisme ambiant, des discriminations multiples ; toujours est-il qu’il donne à ces jeunes une rage de vaincre qui les force à se surpasser, à donner le meilleur d’eux-mêmes. Au Maroc, la jeunesse n’est pas moins talentueuse et si elle ne souffre pas de discrimination raciale, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle est souvent victime d’un « racisme de classe ». Pourtant, dès qu’une main est tendue, dès qu’une opportunité lui est offerte, dès que la reconnaissance lui est donnée, cette jeunesse se transcende. Le mélange de ces deux jeunesses pourtant décrit par certains comme improbable, favorise, rend possible une synergie où chacun s’enrichit de la diversité, du vécu, de l’envie d’avoir envie, de l’autre.
Dans d’autres secteurs, de jeunes Beurs ont tenté ce métissage, parfois par un partenariat, dans d’autres cas par un retour au pays, toujours est-il que là aussi la « magie » a marché : dans la communication, l’entreprise, le tourisme ou encore le mouvement associatif. Parler des échecs, des écueils, des difficultés… ? Sans le nier, parlons plutôt des réussites à l’image de notre « équipe rouge, vert, beur », optimisons ! Et plutôt que de nous laisser porter par la vague, ce qui est bien souvent le chemin facile que nous empruntons, prenons cette opportunité à bras le corps, multiplions les occasions de brassage.
Quelque chose de prometteur est en train de naître : le drapeau, le rouge et le vert ont partout fleuri, unifiant tous dans une même communion. Alors, loin des récupérations hasardeuses, tirons les bons enseignements de cette « aventure »pour un projet de société fédérateur.Le moment est favorable.
Ahmed Ghayet pour Le Matin
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