Ce que pensent les jeunes de l’émigration

18 novembre 2008 - 22h16 - Maroc - Ecrit par : L.A

L’autre rive de la Méditerranée continue à séduire les jeunes Marocains. Même ceux qui vivent dans les contrées les plus dynamiques économiquement. C’est ce qui ressort d’une étude menée récemment dans le Souss Massa, par l’Ormes (Observatoire régional des migrations, espaces et sociétés) de l’Université Ibn Zohr. Initiée par la fondation suisse « Population, migration, environnement » (PME), et l’Association marocaine d’études et de recherches sur les migrations (AMERM), l’enquête a eu pour objet la perception et les déterminants de l’émigration chez les jeunes du Souss Massa.

Une démarche sur le terrain pour appréhender ce phénomène et son ampleur dans la région. Il s’agissait également de définir les principales motivations des jeunes quant au désir de migrer, leur perception de la migration, légale et illégale, les moyens utilisés, les tentatives d’émigration et autres. « La finalité d’une telle recherche est d’identifier les pistes d’action susceptibles de permettre l’intégration des jeunes dans la vie socioéconomique et culturelle et limiter leur engouement pour la migration », explique Jamal El Achmit, enseignant chercheur.

Sur le plan méthodologique, précise pour sa part Abderrahmane Amsidder, enseignant chercheur à l’Université Ibn Zohr, l’enquête a porté sur 500 jeunes de la zone. Un pourcentage de 52% d’entre eux est de sexe masculin. Les premiers résultats de l’enquête montrent que 47% des personnes interrogées ont l’intention d’émigrer. Plus de 42% par contre ne pensent pas à l’émigration. Mais 9,2% des personnes sondées ont déjà tenté d’émigrer. Toutefois, 72,8% des répondants reconnaissent que la migration n’est pas le seul moyen de construire le projet de vie pour un jeune de la région. Mais un grand nombre de facteurs poussent les jeunes à envisager l’émigration. D’après les résultats de l’enquête, les facteurs familiaux (problèmes familiaux, désir d’aider la famille,…) arrivent en tête avec 57,2%, suivis de la qualité de vie citée par 52,4% des répondants et des facteurs économiques avec un pourcentage de 39,2%.

Ce que recherchent en fait les jeunes de l’autre côté de la Méditerranée, c’est tout d’abord du travail (22,8%), de l’argent (9,2%) et un niveau de vie meilleur. Par ailleurs, plus de 12,8% des personnes sondées précisent qu’elles fuient la pauvreté et 10,8% le chômage, en partant du pays natal. Près de 70% des jeunes ciblés considèrent que les possibilités d’insertion dans le monde économique de la région sont faibles, car les métiers et emplois offerts dans leur zone d’habitation ne correspondent pas à leur formation. Par ailleurs, 94,2% des enquêtés affirment qu’il n’y a pas d’égalité des chances en matière d’emploi dans leur région.

Influence des MRE

Les images de réussite des MRE (Marocains résidents à l’étranger) ne laissent pas indifférents les jeunes. “L’aspect mythique de la migration est ancré dans les mentalités des jeunes Marocains, surtout que les émigrés affichent leur meilleur visage lors du retour au pays’’, souligne Mohamed Charef, directeur de l’Ormes. L’influence des MRE en matière d’émigration est ainsi importante pour 70,2% des enquêtés. Et ce, en dépit de la connaissance, par les jeunes candidats à la migration, des conditions de vie difficiles de ces RME. Concernant les perspectives d’avenir au Maroc, suite aux changements qui s’opèrent dans notre société, 53,4% des enquêtés pensent que ces changements n’offrent pas de vraies perspectives pour les jeunes et 78% jugent qu’ils ne répondent pas à leurs attentes.

L’Economiste - Malika Alami

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