L’activiste Abdel Zahiri a été expulsé de France la nuit dernière suite à une obligation de quitter le territoire. D’origine marocaine, il était connu pour son engagement dans le mouvement des Gilets jaunes.
A Dijon, un mariage franco-marocain a été avorté par l’expulsion du futur époux. Sa compagne est de plus convoquée au tribunal de Dijon le 11 mai. Dans son petit appartement de la rue de la Toison- d’or, la jeune Dijonnaise Jennifer Chary, 22 ans, jongle entre son téléphone et son petit ordinateur portable. Ce sont aujourd’hui les deux seuls moyens dont elle dispose pour entendre et voir son amoureux marocain, M’Hamed Naïmi, expulsé le 3 avril.
De plus, la jeune femme est convoquée le lundi 11 mai au tribunal de Dijon pour avoir « aidé au séjour en France d’une personne en situation irrégulière ». Une échéance qui ne l’effraie pas : « Je ne regrette absolument rien. Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas une seconde. Je n’ai fait qu’héberger celui qui va devenir mon mari. Si la justice veut me condamner pour cela, je ne peux que le regretter. Mais la seule chose qui m’effraie vraiment, c’est d’être séparée de ma fille en allant en prison ».
L’histoire débute à l’été 2006. M’Hamed, 23 ans, arrive en France « pour voir de la famille » avec un visa de six mois. Ce visa expiré, il reste dans l’Hexagone clandestinement jusqu’au début de l’été 2008, où il rencontre Jennifer. Très vite, ils projettent de se marier. Sur les conseils d’un avocat, ils vont alors chercher en préfecture « un document qui mette M’Hamed dans la légalité en attendant le mariage », comme le raconte aujourd’hui sa compagne. « Mais nous avons été très mal reçus. Nous avons tout de même monté un dossier de mariage puis passé un entretien à la mairie de Dijon sans subir de remarques particulières ».
Mais deux semaines plus tard, et après deux convocations préalables au commissariat de Dijon, M’Hamed est placé en garde à vue, puis envoyé au centre de rétention de Lyon Saint-Exupéry avant d’être expulsé vers le Maroc le 3 avril, à huit jours de la date prévue pour son mariage avec Jennifer en mairie de Dijon. Depuis, pour le couple, c’est l’attente.
Solutions
« Nous avons deux solutions », résume Jennifer. « La première, c’est que M’Hamed réussisse à revenir en France pour que nous puissions nous marier ici. Mais il faut qu’il obtienne un visa et avec tout ce qu’il s’est passé, nous savons que ce sera difficile.
La deuxième solution, c’est un mariage au Maroc. Nous avons rendez-vous dans quinze jours au consulat de France au Maroc. Après cet entretien, il nous accordera, ou non, un certificat de mariage. Si nous l’obtenons, il me faudra encore retourner le chercher puis le ramener en France pour le faire traduire au consulat du Maroc à Nantes. Là encore, les délais sont très longs. Au mieux, nous pouvons espérer nous marier dans huit mois. Puis il faudra encore ajouter le délai d’obtention d’un visa pour rentrer nous installer en France. Et cette nouvelle attente peut prendre plus d’un an… »
Certitudes
Pourquoi ne pas alors s’installer là-bas ? La réponse tombe, nette : « Je ne peux pas, ne serait-ce que pour ma fille, que j’ai eue avec un autre homme et qui a tout juste deux ans. Mais nous avançons sur les deux pistes. C’est la meilleure façon de prouver que nous n’avons rien à voir avec un mariage blanc ».
Cette certitude la porte au quotidien : « J’ai la chance d’être bien entourée. Par la Cimade et par le collectif des Amoureux au ban public. Avec mon mari, nous n’avons jamais cédé au découragement. Nous savons que nous allons nous retrouver. Toutes ces difficultés nous ont même rendus plus forts ».
Elle dit déjà « mon mari » et pour elle, ce n’est pas un lapsus. Juste une évidence.
Source : Le Bien Public - Frédéric Joly
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