Si la télévision était le miroir de la société française, nous vivrions dans un pays peuplé de femmes et d’hommes blancs jeunes.
Car nos écrans sont pâles, « trop pâles », pour reprendre l’expression de Zaïr Kedadouche, membre du Haut conseil à l’intégration (HCI), à l’origine du colloque qui se tient aujourd’hui à l’Institut du monde arabe.
Organisée par le HCI, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et le Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations (Fasild), cette journée de réflexion devrait relancer un débat déjà ancien mais inabouti sur la diversité culturelle dans les médias. Si le thème est connu, le contexte a changé. Les pouvoirs publics ont, semble-t-il, compris combien la visibilité des minorités ethniques pourrait contribuer à la « cohésion sociale » tant recherchée.
En décembre dernier, lors de la commémoration des vingt ans de la Marche des beurs, Jean-Pierre Raffarin a plaidé pour la promotion des enfants de l’immigration. Une forme de discrimination positive sans quota et sans sanction rebaptisée « volontarisme républicain ».
Dans les médias, l’enjeu est double. Il s’agit de faire respecter l’égalité des chances de chaque candidat mais aussi de transformer l’opinion publique. Une sorte d’« effet Coupe du monde » quotidien : des personnes métissées, à la peau sombre ou aux yeux bridés, incarneraient des rôles positifs dans des téléfilms, s’afficheraient dans les publicités comme dans les émissions de divertissement et assumeraient des fonctions prestigieuses au sein des rédactions.
Les chaînes de télévision y travaillent depuis peu, notamment dans le domaine des oeuvres de fiction, qui compensent l’image réductrice et parfois inquiétante des minorités donnée par les reportages. Dans « PJ », une série diffusée par France 2, la productrice Michèle Prodroznick a voulu un policier « bronzé », « Français de classe moyenne, lieutenant... pas un gars des cités ». Les délinquants, eux, sont blancs... mais aussi black et beur : « On ne fait pas dans l’angélisme. Pour changer les clichés, il faut promouvoir des images nouvelles, pas escamoter la réalité ».[...>
Le Figaro