Une ingénieure marocaine censurée par Microsoft et LinkedIn

Bannie de LinkedIn à cause de son soutien à la Palestine et des dénonciations sur le génocide à Gaza, l’ingénieure marocaine de Microsoft Ibtihal Aboussad reçoit une avalanche de soutiens sur les réseaux sociaux.

#ReinstateIbtihal. Sur la toile, de nombreux internautes ont lancé une pétition pour appeler LinkedIn à rétablir immédiatement le compte d’Ibtihal Aboussad, une ingénieure marocaine chez Microsoft dont la plateforme a été suspendue suite à sa protestation publique contre l’implication de l’entreprise dans le génocide israélien des Palestiniens à Gaza. Ils dénoncent la violation du droit d’Aboussad à s’exprimer contre les bombardements meurtriers à Gaza. Cette pétition fait un carton chez les défenseurs de la cause de la Palestine. Pour les pétitionnaires, la suspension du compte de l’ingénieur pour cause de manifestation pacifique crée un dangereux précédent en matière de réduction au silence de la dissidence. « Sa voix compte », peut-on lire dans la pétition. « La réduire au silence parce qu’elle défend les droits humains constitue un dangereux précédent. »

Lors de la présentation des produits de Copilot, l’assistant d’intelligence artificielle de Microsoft, en marge de la célébration du 50ᵉ anniversaire de l’entreprise, vendredi 4 avril 2025, l’ingénieure marocaine, Ibtihal Aboussad, a attaqué Mustafa Suleyman, PDG de Microsoft AI. « Honte à vous Mustapha !, a-t-elle lancé en s’approchant de l’estrade. Vous prétendez vous soucier d’utiliser l’IA pour le bien commun, mais Microsoft vend des technologies de son IA à l’armée israélienne. Vous contribuez en cela au génocide. Cinquante mille personnes sont mortes à Gaza. Comment osez-vous célébrer cet anniversaire alors que Microsoft tue des enfants ? »

En février dernier, une enquête de l’agence de presse The Associated Press a révélé que les technologies d’intelligence artificielle de Microsoft et d’OpenAI étaient utilisés dans les programmes militaires israéliens pour sélectionner des cibles de bombardement à Gaza et au Liban. Selon l’enquête, une frappe aérienne israélienne erronée en 2023 avait tué trois jeunes filles et leur grand-mère au Liban. En janvier dernier, une autre enquête menée par le journal israélien +972 Magazine révélait l’implication militaire importante de Microsoft dans la guerre à Gaza. Des documents divulgués du ministère de la Défense montraient que l’entreprise avait « une empreinte dans toutes les principales infrastructures militaires » en Israël.

Les critiques de l’ingénieure marocaine n’étaient du goût de Suleyman. Aboussad a été expulsée de la salle. Dans la foulée, elle a perdu l’accès à son compte professionnel. Elle a déclaré plus tard aux médias que sa crainte de garder le silence face à de telles violences l’emportait sur ses inquiétudes quant à la sécurité de son emploi. « La crainte de contribuer à un génocide est bien plus grande », a-t-elle indiqué. « Depuis un an et demi, notre communauté arabe, palestinienne et musulmane chez Microsoft est réduite au silence, intimidée, harcelée et victime de doxxing, en toute impunité de la part de Microsoft. Nos tentatives de prise de parole sont restées, au mieux, lettre morte et, au pire, ont conduit au licenciement de deux employés pour la simple raison qu’ils avaient organisé une veillée », a-t-elle écrit dans un courriel adressé à tous ses collègues… Et d’ajouter : « Nous assistons à un génocide… Nous en sommes complices ».