Hicham El-Guerrouj évoque aussi la saturation, puisque depuis dix ans il n’a jamais pris plus de trois ou quatre semaines de vacances. "J’ai besoin de recul, de faire un vide total dans ma tête. Car la tête n’y est pas", ajoute le quadruple champion du monde du 1.500m, qui aurait visé à Helsinki une cinquième couronne planétaire consécutive. "A la fin du mois de mai, j’étais vraiment très bien, personne ne pouvait me battre", poursuit El-Guerrouj. "Et puis je suis tombé malade : un virus, avec angine et fièvre, qui m’a cloué au lit et m’a obligé à couper pendant presque dix jours. Sans ça, j’aurais couru. Mais après ça, quand je suis retourné me préparer à Ifrane, la machine était cassée. Physiquement, j’étais bien, mais mentalement je n’étais plus chaud, je n’avais simplement plus envie".
Hicham El-Guerrouj confirme que sa carrière devrait s’achever en 2006. "Je veux finir en 2006 comme prévu. J’espère reprendre l’entraînement fin août et la compétition dès l’hiver prochain pour ne pas connaître les mêmes problèmes que cette saison", explique-t-il. "Je n’ai plus rien à prouver, tout ce qui viendra sera du bonus Mais si mon mental est là, je pourrais encore faire de très belles choses. Et si je fais 3:28 ou 3:27, pourquoi même ne pas continuer jusqu’en 2008 ? (rires)".
Le Marocain qui avoue avoir pris sa décision de ne pas aller en Finlande "il y a presque un mois", reconnaît que ses titres olympiques lui ont pompé beaucoup d’énergie après Athènes. "Je n’avais pas imaginé l’impact des Jeux olympiques", explique l’athlète qui n’avait décroché que l’argent sur 1.500 à Sydney en 2000. "Après mes deux médailles d’or, j’ai eu énormément de sollicitations. Ca m’a pris beaucoup d’énergie et beaucoup de temps. Je l’ai accepté parce que ça fait partie de mon métier, de mon rôle. Après, j’ai vraiment fait ce qu’il fallait pour revenir, pour être fort cet été. J’ai pris sur moi, je me suis forcé. Je suis notamment parti me préparer un mois aux Etats-Unis pour la première fois".
Pour le 1.500 mètres des Mondiaux d’Helsinki, El-Guerrouj désigne Rui Silva comme le favori à sa succession. Concernant le Français Mehdi Baala, son dauphin en 2003, le Marocain déclare : "Mehdi a de grandes capacités. Il faut qu’il croie en lui, qu’il s’accroche, qu’il ne recule pas. Il faut être fort mentalement".