Haut Atlas, le Maroc grandeur nature

5 juin 2008 - 23h41 - Maroc - Ecrit par : L.A

Une nature quasi vierge sur 7 600 kilomètres carrés, des sites géologiques exceptionnels, une faune rare (les dernières panthères du pays). Voilà qui fait rêver. « Nous possédons le premier géoparc d’Afrique . » Un mot mystérieux pour une région somptueuse. A Beni-Mellal, la capitale de la province, Mustapha Ouabbes, le chef du géoparc du M’Goun, est intarissable. A juste titre. Il n’y a que 53 « réserves géologiques protégées » dans le monde-un label décerné par l’Unesco-, dont 32 en Europe, 8 en Chine, et pas une sur le continent noir.

Douars berbères hauts perchés en pisé rouge surplombant des vallées encaissées et verdoyantes, lacs aux eaux turquoise, pistes cahoteuses mais sublimes, « greniers citadelles » vieux de plusieurs siècles, peintures rupestres et empreintes magnifiquement conservées de pas de dinosaures, le Haut Atlas, à 100 kilomètres au nord-est de Marrakech, possède le deuxième plus haut sommet du royaume, le mont M’Goun (4 071 mètres). Ses sentiers étaient hier délaissés, pour le grand plaisir des randonneurs impénitents. Ils sont en passe de devenir un must.

Il y avait urgence à sauver ces trésors de la nature. « Le patrimoine du Maroc est en train d’être pillé. Il a déjà beaucoup disparu », poursuit Mustapha Ouabbes. Des trilobites (fossiles) vieux de 200 millions d’années avant notre ère-le parc du M’Goun était alors une mer chaude et peu profonde-se vendent aux Etats-Unis. Dans le Tafilalet, la province voisine, on pille des squelettes de dinosaures, et une partie de carcasse a été vendue, à la mi-mai, chez Christie’s, à Londres, pour la somme de 81 000 euros. Un Emirien fortuné a fait transporter un squelette quasi intact dans sa villa du Golfe.

« C’est dans le parc du M’Goun, à Wawmda, que trois paléontologues ont découvert, dans les années 80, l’ Atlasaurus imlajei, le squelette complet d’un dinosaure long de 17 mètres, haut de 6 et pesant 22 tonnes », explique Mohamed Boutakiout, géologue passionné, professeur à l’université de Rabat. Originaire de la région, il est l’un des artisans du géoparc.

Cette région de montagnes en pays berbère a une caractéristique : nombre de ses enfants, partis vivre à Casablanca ou à Rabat, y reviennent sans cesse. Ce sont eux qui ont eu l’idée de créer le géoparc qui attend le précieux label. Il doit permettre non seulement de conserver les richesses naturelles mais aussi d’envisager un plan de développement durable pour les 865 000 habitants. Majoritairement ruraux, ces Berbères ont toujours été des laissés-pour-compte, et 90 % des femmes sont analphabètes.

« Si nous attirons 5 à 10 % des touristes de Marrakech, la région sera sauvée », espère Mustapha Ouabbes. Les amoureux du tourisme vert, bien sûr. Ils commencent à affluer, devancés par de petits investisseurs (marocains et français) dans cette contrée qui n’en avait jamais vu. Les projets de maisons d’hôtes se multiplient. Ils risquent de faire nombre de déçus. Car, entre rêve et réalité, c’est un véritable parcours du combattant : achat d’un terrain, obtention des innombrables autorisations demandées par l’administration... L’aventure est pleine de chausse-trapes où l’incompétence (de l’administration et des candidats acquéreurs étrangers) côtoie la prévarication. Le bakchich est un sport local. « Pendant six mois, un même fonctionnaire me renvoyait en me disant : "Reviens demain." J’ai failli devenir fou », avoue Yannick Bourgeois, souriant quadragénaire, en se remémorant ses démêlés avec les services administratifs d’Azilal, jolie bourgade ocre. Un témoignage corroboré par tous. Les choses changent. A Beni-Mellal, les autorités rattrapent désormais les bévues. « Pourtant, je ne regrette rien », affirme Yannick Bourgeois. Sa ténacité a payé. Il vient d’ouvrir un éco-lodge de charme, dans un cadre magique, la Kasbah Timdaf, qui semble être là depuis des siècles. En 2006, il n’y avait que des oliviers sur cette colline, proche de Demnate, à la lisière du géoparc du M’Goun.

Source : Le Point - Mireille Duteil

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