Les revenus issus du tournage de films étrangers au Maroc ont connu une forte augmentation.
Mémoire. Transmission. Exil. Identité. Religion. Humanité. Hamadi explore des thèmes authentiques. Des thèmes universels. Auteur, metteur en scène, comédien, conteur, Hamadi défend un théâtre politique "avec un soubassement de réflexion sur le monde". La Charge du rhinocéros met un artiste à l’honneur cette saison. Hamadi propose un triptyque sur des thèmes à la fois personnels et universels. "Papa est en voyage", "Dieu !?" et "Sans ailes et sans racines" sont au programme.
Originaire du Maroc, Hamadi grandit en Belgique. De 1980 à 1986, il sillonne le Nord du Maroc et collecte des contes populaires, des proverbes, des chants, des centaines d’oeuvres de tradition orale qui nourrissent encore ses créations aujourd’hui. "J’ai publié un certain nombre de recueils de contes mais la meilleure façon de les mettre en valeur, c’est de les raconter alors je me suis mis à faire de la scène." Directeur de la Maison du Conte de Bruxelles, Hamadi propose trois créations théâtrales cette saison, "qui n’ont rien à voir avec le conte puisque ce sont des textes originaux, pas issus de la tradition orale". Soutenu par la société de production "La charge du rhinocéros", le triptyque évoque des thèmes chers, personnels et universels.
La première pièce, "Papa est en voyage", jouée du 23 septembre au 18 octobre au Pathé Palace, retrace votre histoire personnelle ?
C’est un récit de vie. Cela part de la mémoire familiale, de souvenirs d’enfance, mais retravaillés avec des éléments de fiction. Quand on s’interroge sur son passé, on le réinvente. C’est ce qui m’intéresse, comment transformer cette réalité, brouiller les pistes.
Pourquoi raconter sa propre histoire ?
Parce que je me fais vieux ! J’arrive à l’âge canonique de 50 ans ! C’est l’une des raisons. Cela fait longtemps que je travaille sur la mémoire familiale, le pays d’où je viens, le rapport à mes parents, à la terre, l’exil... A mon âge cela devient important parce qu’il y a à la fois la mémoire mais aussi, la transmission de cette mémoire.
A votre fils, Soufian El Boubsi, qui a assuré la mise en scène ?
Oui. J’aborde beaucoup de questions : c’est quoi changer de terre ? Changer de langue ? Comment se reconstruire ailleurs ? Qu’est ce qui nous fonde ? Qu’est ce qui nous fait ? Le lieu d’origine, là où on est né ou le lieu où on a grandi ? Sans doute les deux, mais comment ? Je revisite mon histoire et je la partage mais ce n’est pas un déballage de ma vie. On a tous l’exil chevillé au corps. D’une terre mais aussi d’un amour. On porte toujours un ailleurs en soi. En cela, j’espère que le spectacle a une valeur d’universalité et rejoint l’histoire de chacun.
La musique est signée Michel Rorive. Vous chantez ?
Oui, quelques chants de femmes que j’ai collectés au Maroc. Ce sont des chants d’amour et de résistance et des berceuses.
La troisième pièce, "Sans ailes et sans racines" qui sera représentée dans trois théâtres en janvier, vous met en scène non pas seul mais avec votre fils ?
C’est un dialogue entre un père et son fils sur la transmission de la mémoire et sur les choix de vie. Ils sont totalement en désaccord sur plusieurs thèmes, les femmes, la démocratie, la foi, l’identité, la mort, etc. Des questions qui sont de vrais enjeux aujourd’hui.
La seconde création, "Dieu ?", interroge la foi. Un sujet délicat ?
Est-ce qu’on peut vraiment parler de Dieu sans se faire lyncher ? Ce n’est pas évident. Je remets en question beaucoup de choses. C’est quoi la foi ? Croire ? Sur scène, le personnage déambule en essayant de prouver que Dieu existe. Montrer Dieu au théâtre, c’est déjà un sacrilège. Pourtant, ce sont des questions que l’on ne doit pas laisser aux seuls intégristes. Tous ceux qui ont une opinion différente et ne sont pas d’accord ont le droit de donner leur avis. C’est une vision laïque de cette thématique. Il n’y a pas lieu de dicter aux gens la manière dont il doivent croire. Cette liberté est essentielle aujourd’hui. Il faut battre en brèche ceux qui pensent qu’on ne peut pas parler de ces questions-là, par exemple, être capable d’entendre dire son voisin qu’Allah ne signifie rien pour lui même si je crois en Allah. C’est la condition pour pouvoir vivre ensemble. La liberté, en un mot.
• Papa est en voyage, du 23 septembre au 18 octobre au Pathé Palace, Bruxelles.
• Dieu ! ?, du 23 octobre au 15 novembre à l’Espace Delvaux, Bruxelles.
• Sans ailes et sans racines, du 13 au 15 janvier et du 3 au 14 février au Théâtre royal de Namur, du 16 au 31 janvier à l’Espace Delvaux.
Infos et résérvations pour les trois pièces : 02.537.01.20 (Belgique)
Source : Libre Belgique - Camille Perotti
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