Grève surprise des transports, Casablanca paralysée

16 juillet 2008 - 18h32 - Maroc - Ecrit par : L.A

Les Casablancais se sont réveillés hier sur une grève surprise des salariés de m’dina bus. Si la grève est un droit garanti par la loi fondamentale du pays, il n’en demeure pas moins que son utilisation donne lieu très souvent à des abus faute de loi encadrant son utilisation. Et le droit cesse là où l’abus commence. Dans le cas des grévistes du transporteur casablancais, l’abus consiste en l’absence de préavis permettant aux usagers de prendre les mesures nécessaires. Il en est de même de la continuité du service public qui n’a pas été assurée.

L’entreprise semble aussi avoir eu droit à cette surprise. « Nous avons été surpris par cette grève alors même que nous avions prévu une rencontre avec les partenaires sociaux pour mercredi afin de mettre au point la stratégie de la société », s’étonne Khalid Chrouate, PDG de m’dina bus.

« Nous avons averti l’entreprise ainsi que les autorités de tutelle de la grève 48 heures avant » dément, Ahmed Kaoukab, secrétaire général de la CDT. Les grévistes n’auraient pas affiché des tracts par peur des représailles de la population. Ceci se vérifie sur le terrain où les employés de m’dina bus, sont constamment agressés (verbalement, parfois physiquement) par des passagers. Cet état de fait a semé une grosse pagaille dans la ville. Ce qui a empêché les usagers de se rendre à leurs lieux de travail à temps. Des files d’attente devant les arrêts de bus étaient interminables. Ceux qui avaient les moyens ont pris des taxis.

Mais quelles sont les raisons qui ont conduit à l’observation de ce mouvement ? Les grévistes soutiennent que les cotisations à la CNSS, à la CIMR et à la Cnops n’ont pas été versées alors même que les droits y afférents sont prélevés sur leurs salaires et ce depuis 17 mois. « La Cnops, par exemple, refuse les prises en charge des malades parce que leurs cotisations n’ont pas été réglées », affirme le syndicaliste de la CDT.

Les salariés déplorent aussi les conditions de travail, de sécurité et d’hygiène dans les dépôts. « Depuis 2004, les salariés jouissent de leurs droits élémentaires en matière de CNSS, CIMR. Il en est de même pour l’AMO. Pour ce qui est de l’hygiène et de la sécurité, je défie quiconque de prouver que l’entreprise ne les respecte pas », assure le PDG de m’dina bus. Autre point faisant l’unanimité des 13 syndicats, les heures supplémentaires ne seraient pas rémunérées comme telles. « Ces heures sont payées 25% du coût de la journée, 50% pour les heures de travail effectuées la nuit et 100% le week-end », affirme Chrouate.

La grève porte aussi sur la situation des salariés contractuels. « Leurs contrats de travail ne sont pas datés et ce dans le but de ne pas les titulariser », soutient Kaoukab. « Les salariés de l’ex-RATC ainsi que les contractuels sont considérés comme les employés de l’entreprise », répond le PDG. « Il y a aussi le refus de la direction d’accorder les 5% d’augmentation des salaires que le gouvernement a accordé et qui devait entrer en application le premier juillet dernier. Elle prétend qu’elle ne peut l’effectuer sans qu’il y ait hausse des prix des tickets des bus de 1 DH », ajoutent, pour leur part, Ouafi Thami et Mustapha Azzoum, respectivement secrétaire général de la Commission ouvrière marocaine (COM) et de la Fédération démocratique du travail (FDT). « Nous n’avons abordé ce volet que le vendredi dernier. Mais nous allons le discuter avec les autorités de tutelle », indique le PDG. La grève devrait durer 24 heures renouvelables, en cas de non-accord entre la direction et les syndicats.

Hier, à l’heure où nous mettions sous presse, une rencontre entre ces parties devait avoir lieu. « Nous faisons confiance à nos partenaires sociaux avec lesquels nous allons essayer de trouver des solutions », rassure Chrouate.

La grève d’hier aurait coûté à l’entreprise près de 1,5 million de dirhams.

Le malheur des uns...

Le jour de la grève des autobus, des chauffeurs de taxi peu scrupuleux n’ont pas hésité à profiter de la situation en utilisant tous les moyens. Ainsi, les compteurs n’ont subitement plus marché. Le prix du trajet est devenu négociable et a atteint même le double (50 DH entre le quartier Sidi Maârouf et le quartier Maârif contre 22 DH en temps normal). Certains chauffeurs ont même imposé les trajets. Les transporteurs clandestins ont également trouvé leur « bonheur », en proposant des prix un peu plus abordables.

Source : L’Economiste - Jalal Baazi

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