La galère des travailleurs marocains bloqués à Ceuta

15 novembre 2021 - 12h40 - Espagne - Ecrit par : P. A

Depuis deux mois, une cinquantaine de travailleurs frontaliers manifestent devant la délégation gouvernementale de Ceuta pour demander l’amélioration de leurs conditions de vie et qu’une solution soit trouvée à leur situation.

Hamid Nuino, 58 ans, est le chef pâtissier de ’La Africana’, la célèbre pâtisserie de Ceuta qu’il a intégrée depuis 1990. Bloqué dans la ville autonome depuis un an et demi en raison de la fermeture des frontières, il n’a pas pu assister au mariage de sa fille cadette au Maroc. Comme lui, 500 travailleurs frontaliers sont bloqués à Ceuta depuis mars 2020. Ils vivent dans des conditions déplorables, sans protection et assistance, bénéficiant des dons de leurs connaissances ou des personnes de bonne volonté pour survivre.

A lire : Sebta : les travailleurs frontaliers veulent rentrer au Maroc

« Nous avons moins de droits que les chiens et tout ce que nous demandons, c’est au moins de pouvoir rendre visite à nos familles et revenir sans perdre les emplois dont nous nous sommes occupés pendant plus de la moitié de notre vie », déplore Nuino avec rage. Les travailleurs frontaliers disposent d’une autorisation pour venir travailler à Ceuta et retourner chez eux au Maroc en fin de journée. Ils n’ont pas le droit de séjourner dans la ville autonome. Mais depuis la fermeture des frontières, ils se retrouvent dans une situation irrégulière, ne pouvant retourner au Maroc et n’ayant nulle part où dormir.

Hassan Arahou, un horloger marocain de 48 ans, originaire de Tétouan, est le porte-parole de la cinquantaine de travailleurs frontaliers qui manifestent chaque semaine devant la délégation gouvernementale. Il travaille depuis 15 ans dans la bijouterie locale la plus luxueuse de Ceuta, en tant que technicien accrédité par Rolex. « Chaque jour dans la rue, un policier pourrait me demander mes papiers et me mettre à la frontière, car je n’ai pas le droit d’être à Ceuta », déplore Arahou.

A lire : Des Marocains bloqués à Ceuta depuis un an et demi

« Nous ne demandons pas que la frontière soit simplement ouverte, car c’est une politique de l’État et nous respectons les restrictions sanitaires. Mais nous ne comprenons pas non plus que des solutions extraordinaires sont trouvées pour les personnes qui sont entrées en masse à Ceuta en mai et que nous ne pouvons pas avoir une autorisation pour partir en vacances au Maroc et revenir, ou encore avoir un titre de séjour même provisoire », dénonce l’horloger. Et d’ajouter : « Nous devons continuer à travailler pour obtenir des revenus et subvenir aux besoins de nos familles ».

De son côté, le gouvernement propose aux travailleurs frontaliers de retourner au Maroc sans possibilité de retour, ce qui les obligerait à renoncer à leur emploi, ou de subir la situation actuelle, jusqu’à un retour à la normale. La déléguée du gouvernement à Ceuta, Salvadora Mateos, avait assuré que dès que les frontières seront rouvertes, les travailleurs frontaliers seront les premiers qui seront autorisés à les traverser.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Ceuta (Sebta) - Coronavirus au Maroc (Covid-19)

Aller plus loin

Les travailleurs frontaliers à Ceuta et Melilla veulent rentrer au Maroc

Les travailleurs frontaliers à Ceuta et Melilla n’en peuvent plus de rester bloqués dans, loin de leurs proches, depuis la fermeture des frontières en mars 2020. Ils appellent...

Sebta : les travailleurs frontaliers veulent rentrer au Maroc

Ce lundi, les travailleurs marocains bloqués à Ceuta se sont rassemblés encore devant la Délégation du Gouvernement de la ville, réitérant leurs revendications et appelant à...

La frontière de Ceuta avec le Maroc restera fermée

La déléguée du gouvernement à Ceuta, Salvadora Mateos, a assuré ce lundi que « la frontière, pour le moment, restera fermée » et qu’à sa réouverture, les conditions de passage...

Le Maroc réclame un nouveau statut pour les travailleurs frontaliers

Les autorités marocaines demandent au gouvernement espagnol de revoir la loi sur l’immigration qui discrimine les travailleurs marocains de Sebta et Melilla, avant la...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : plus de mariages, moins de divorces

Le Haut-commissariat au plan (HCP) vient de livrer les dernières tendances sur l’évolution démographique, le mariage, le divorce et le taux de procréation par rapport à 2020, année de la survenue de la crise sanitaire du Covid-19.

Le Maroc prépare les aéroports de demain

Le Maroc prévoit de se doter d’un nouveau Schéma directeur aéroportuaire national à l’horizon 2045, le dernier élaboré en 2013 étant devenu obsolète.

Maroc : colère des gérants de salles de fêtes

Après l’impact de la pandémie de Covid-19 sur leurs activités, les propriétaires et gérants de salles de fêtes disent faire face aujourd’hui à une concurrence déloyale insupportable de certains individus proposant des salles informelles et des villas...