Le danger permanent que représente la Syrie pour ses habitants n’a pas empêché cette jeune femme d’origine marocaine d’y séjourner pendant neuf longs mois avec ses trois enfants. Ce grand risque pris ne peut que se justifier par les chefs d’accusation retenus contre elle par le Tribunal de Paris : association de malfaiteurs à visée terroriste et soustraction d’enfants. Même si elle nie les évidences du dossier, le Tribunal correctionnel de Paris estime que c’est la « seule peine adaptée » au comportement de la prévenue et à sa « dénégation absolue des fait s », rapporte le site lessentiel.lu.
Pour Rajae Moujahid, fille d’architecte, son voyage en Syrie n’est lié en rien à des activités terroristes. Comparaissant détenue, elle a assuré avoir voulu fuir sur un « coup de colère » son mari - un Italien converti à l’islam - soi-disant violent et jaloux. Son passage en Syrie n’avait été décidé qu’une fois arrivée en Turquie, a-t-elle maintenu. Et, pourtant, en mars 2017, après les attentats sanglants en France et, notamment, celui de Nice, près de son domicile d’Antibes, cette femme avait rejoint la Syrie, emmenant avec elle sa fille de 9 ans et ses deux garçons de 7 et 5 ans.
Le Tribunal de Paris soutient que ce départ était « préparé, dissimulé et pensé comme définitif ». Il argue que la jeune marocaine, déjà mariée, y rejoignait « un combattant » avec lequel elle entretenait une relation en ligne et qu’elle a épousé, à son arrivée dans la région d’Idleb, au nord-ouest de la Syrie.
En dépit des contradictions de cette jeune femme, tous les faits la lient à cette organisation. En effet, Rajae, était de retour en Turquie en décembre 2017, enceinte de sept mois, avant d’être expulsée vers l’Italie et incarcérée en France, en vertu d’un mandat d’arrêt. La mère de famille était en possession de documents officiels d’Ahrar al-Cham et son téléphone contenait des photos de propagande djihadiste, d’exactions et d’armes, ainsi que d’enfants morts et d’enfants soldats.
Le procureur a déploré un « amas de contradictions et de contre-vérités » : la mère de famille avait vidé les comptes bancaires de ses enfants, un mois avant le départ, détruit son téléphone portable et rejoint « en connaissance de cause un pays en guerre ».
Selon la même source, le Tribunal correctionnel a, en outre, accordé un euro de dommages et intérêts aux trois enfants de Rajae Moujahid « traumatisés par ce long séjour en Syrie ».