En 2023, malgré les chocs endogènes, la conjoncture internationale et la stagnation de l’activité, le secteur de l’immobilier au Maroc a montré sa résilience. Et, les perspectives pour l’année prochaine s’annoncent meilleures.
En phase avec les intentions annoncées par le nouveau schéma directeur d’aménagement urbain (SDAU) du Grand Casablanca, les acheteurs s’intéressent de plus en plus à la périphérie de la métropole. Benslimane, Nouaceur, Dar Bouazza, Sidi Rahal : autant de zones qui font aujourd’hui le régal des spéculateurs. Si l’on assiste, dans l’ensemble, à une augmentation du prix du m2 de foncier, le marché n’est cependant pas le même partout. Chacune des zones périphériques semble développer ses propres atouts, et attirer des types d’acheteurs spécifiques.
Dans le cas de Nouaceur, la flambée des prix est spectaculaire. Le m2, pour des terrains viabilisés, y est passé de 1800 à 3000 DH voire plus en six mois à peine. Ceux qui ont eu le flair d’y acheter, il y a trois ans, alors que les terrains se vendaient encore à 700 DH le m2, peuvent se féliciter. Avec la nouvelle technopole, l’aéroport Mohammed V et les quantités d’hectares que le SDAU prévoit de libérer dans le coin, l’avenir de Nouaceur semble des plus brillants. Vraisemblablement, la région sera surtout dédiée à l’immobilier d’entreprise. « Avec les sociétés aéronautiques qui s’y installent, nous gardons cette zone à l’œil », commente William Simoncelli, président de Carré Immobilier. « Le marché du foncier y est en excellente santé. De nombreux propriétaires de terrain choisissent d’ailleurs de vendre actuellement, pour profiter de la manne », affirme Dounia Boukhari, de Laforêt Immobilier Maroc.
Du côté de Benslimane, le m2 suit aussi, mais dans une moindre mesure, un trend haussier. Les prix varient selon l’emplacement du terrain, sa nature juridique et son aménagement. « En fonction de ces facteurs, on peut compter entre 200.000 et un million de DH l’hectare », explique un propriétaire de la région. « Mais pour comparer en m2, je peux vous dire que les terrains qui se vendaient autour de 300 DH, il y a deux ans, en valent aujourd’hui 700 ». Le charme de Benslimane résiderait surtout dans son microclimat et la richesse de sa forêt. « Les citadins de Rabat et Casablanca ont besoin d’air pur, poursuit le propriétaire. Ils sont de plus en plus nombreux à s’y installer en résidence secondaire et même principale ». C’est d’ailleurs ce second choix qu’a fait cette source.
Selon Mme Boukhari, Ben Slimane attirerait plutôt les acheteurs d’un certain âge, en quête de tranquillité. « C’est une clientèle qui n’a pas besoin de restaurants branchés ou d’activités d’animation. Ce sont des retraités ou des gens de professions libérales », commente-t-elle. Ce phénomène, selon un autre habitant de la région, contribuerait d’ailleurs grandement à la montée des prix. « Les gens de la ville et les Marocains résidant à l’étranger veulent des terrains viabilisés, titrés et avec autorisation de construire. Ils sont prêts à mettre le prix, même pour de plus modestes superficies ». Il est donc sûr que l’attrait de la région ira croissant. « Nous nous attendons à une autre flambée avec l’inauguration de l’aérodrome, prévue d’ici quelques semaines », avance l’un des propriétaires.
Dar Bouazza et Sidi Rahal banlieue des jet-setters
Sur la route d’Azemmour, côté mer, les projets immobiliers de luxe se succèdent : Beach House 1 et 2, Garden Beach, Jardins de l’océan, etc. Tandis que, de l’autre côté de la nationale, ce sont les chantiers de construction d’immeubles à logements sociaux qui défilent. Si à peine cinquante mètres séparent les deux côtés de la route, le prix du foncier lui, est multiplié par... dix ! Il faut compter un minimum de 3000 DH le m2, voire 6000 DH en front de mer.
Les nombreux intermédiaires contactés par La Vie éco brandissaient tous le même argument de vente : « Le terrain est viabilisé et dispose d’une autorisation de construire ! ». Selon plusieurs intervenants, il s’agit du même phénomène qu’à Benslimane : les acheteurs, souvent des MRE ou des citadins, refusent de se casser la tête et veulent des terrains prêts pour la construction. Aux dires de Mme Boukhari, de Laforêt Immobilier Maroc, Dar Bouazza et Sidi Rahal attireraient plutôt de jeunes professionnels ou des familles très actives. « Ce sont des gens qui font le choix d’y établir leur résidence secondaire ou principale, mais ils ont quand même besoin d’une certaine animation à proximité, restaurants, vie nocturne et loisirs ».
Bref, que ce soit dans l’une ou l’autre région, c’est sans doute le moment ou jamais d’acheter, avant que les prix n’atteignent des montants astronomiques.
Source : La vie éco - Marie-Hélène Giguère
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