La chanteuse marocaine Samira Saïd, dans une récente déclaration, a fait des confidences sur sa vie privée et professionnelle, révélant ne pas avoir peur de vieillir et avoir pensé à prendre sa retraite.
Composé de trois jeunes rapeurs, le groupe Fnaïre symbolise une nouvelle vague d’artistes marocains en rupture avec le style ancien. Dans cet entretien exclusif accordé à Magharebia, Mohcine explique le contexte dans lequel son groupe s’est développé.
Vous représentez cette nouvelle génération d’artistes marocains qui ont opté pour le rap. Quelle est la particularité du groupe Fnaïre ?
D’abord, il faut dire que le nom du groupe, Fnaïre, est très évocateur, car en darija marocain, il signifie "les lanternes". Sans prétention aucune, nous voulons apporter une lumière à la chose musicale dans son style purement parlé. Notre option pour ce type de musique, certes américain, est qu’il offre une expression variée, dans la composition, en l’adaptant à notre identité et à la culture marocaine. C’est en quelque sorte notre manière d’aller de l’avant dans la chanson marocaine. En effet, à travers le rap ou le hip-hop, nous voulons moderniser la chanson marocaine qui a commencé à prendre de l’âge et qui semble intéresser très peu de jeunes. C’est notre principal défi.
Pour beaucoup de fans, votre style est le hip-hop.
Absolument. Dans ce genre musical… il existe plusieurs catégories, dont le graviting, de djing, le mcing, la break-dance ou encore le rap. Pour ce qui est de notre groupe, nous avons opté pour la dernière discipline, à savoir le rap, mais un rap marocain traditionnel.
Une belle expérience en perspective. Qu’en pensez-vous ?
Nous sommes sur la bonne voie, comme en témoigne l’intérêt que les jeunes Marocains portent à notre musique. Il semble qu’ils aient trouvé dans nos chansons un espace qui traite de leurs problèmes au quotidien ou tout simplement de leurs préoccupations principales. Le tout nous réconcilie avec notre marocanité.
Quels sont les principaux messages que vous essayez de faire passer à la jeunesse marocaine à travers vos chansons ?
L’essence de notre rap traditionnel n’est autre que le sens des paroles, le sens des textes qui tournent autour d’un seul message, à savoir reconnaître avec fierté son identité marocaine, ses origines et sa culture. Les sujets sont divers, dont les problèmes des femmes, l’amour pour sa patrie, la croyance en un avenir meilleur de notre pays… Contrairement à certains, d’ailleurs nombreux, qui véhiculent un discours pessimiste aux jeunes Marocains les poussant à quitter le pays, parfois au prix de leur vie… Fnaïre leur dit tout simplement qu’une dose d’optimisme est toujours nécessaire pour avancer. Ce n’est pas de l’utopie, mais nous pensons que le Maroc a besoin de ses jeunes pour évoluer, progresser et changer. C’est notre credo, nous y croyons fermement.
Etes-vous engagés dans vos chansons pour lutter contre ces idées intégristes qui influencent aujourd’hui bon nombre de jeunes ?
La paix et la vie en harmonie dans son pays sont les principaux messages que véhiculent nos chansons, destinées particulièrement aux jeunes, qui constituent notre principale cible. Nous essayons de focaliser notre attention sur les valeurs de la tolérance et du respect de la vie des autres. Souvent, on ne le dit pas clairement dans nos chansons, mais c’est notre manière de contrecarrer les idées intégristes et tout sentiment de haine. La nature du style musical pour lequel nous avons opté nous aide beaucoup à véhiculer ce genre de principes. Dans les chansons “Yed El Henna” ou “Tagine Loghate”, sur notre dernier album, nous faisons allusion à ce genre de problèmes.
Comme les autres rapeurs marocains, on vous reproche d’utiliser des termes vulgaires dans vos textes. Utilisez-vous le rap pour briser le tabou linguistique ?
Le darija est la langue la plus parlée au Maroc. Pour notre part, nous ne voyons aucun inconvénient à l’utiliser. Dans nos chansons où se mêlent paroles d’ici et paroles d’ailleurs, le message est clair et truffé d’humour : peu importe la langue utilisée, l’essentiel est de s’exprimer et d’être fier de sa pluralité.
Un mot sur votre dernier album "Yed El Henna".
"Yed El Henna", c’est d’abord l’histoire d’une rencontre avec un poète… Avec un mélange de genres musicaux et de paroles en darija, berbère, anglais et français, notre dernier album est un voyage au cœur d’un Maroc diversifié, chargé de messages d’amour et de paix, là où authenticité rime avec solidarité. On s’adresse également dans cet album à une jeunesse en mal de repères. Les douze titres de l’album tordent le coup aux clichés et aux complexes de notre société. Je pense qu’à l’exception de sa "masterisation" réalisée dans les studios des Rolling Stones à Londres, "Yed El Henna" reste un produit purement marocain. Près de soixante musiciens ont participé à cette belle aventure qui a pris plus de deux ans de travail acharné avant de voir le jour.
Magharebia - Hassan Benmehdi
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