Dans une story sur son compte Instagram, l’artiste Hajar Adnane a affirmé ne pas être à l’origine de l’information selon laquelle certains artistes, dont Saida Charaf, « paieraient des intermédiaires pour pouvoir participer » à des festivals.
Le hasard fait bien les choses même sous trente degrés à l’ombre : le JT principal de la mi-journée de la télévision burkinabée a été en grande partie marocain : cinéma et politique obligent.
Le reportage traditionnel, véritable journal quotidien du Fespaco a été consacré à la projection la veille du film de Smaïl Farroukhi, Le Grand voyage. Grand succès auprès du large public très melting-pot du festival, toutes ses projections connaissent une grande affluence ; un ami tunisien, devant cet engouement, avoue « une certaine fierté maghrébine ». Farroukhi est d’ailleurs intervenu à l’écran pour dire sa joie de se retrouver à Ouaga et son plaisir d’avoir fait ce road movie. Le sujet important suivant du JT a été consacré au Maroc dans le sillage de la visite Royale. Des images du Maroc sont venues prolonger les échos du film de Farroukhi : le drapeau rouge frappé de l’étoile verte, des scènes de la vie quotidienne, des plans du siège central de l’USFP à Rabat (suite à une rencontre avec Si Mohamed Guessouss) bref du Maroc a été distillé en filigrane comme une campagne de promotion pour les différents films marocains en compétition. Le Maroc, tout le Burkina en parle ; espérons que cela dure jusqu’à la proclamation du palmarès.
Une compétition de longs métrages qui s’annonce déjà comme un duel serré entre le Maroc et l’Afrique du Sud. Les deux seuls pays africains qui connaissent une dynamique réelle de production. Le cinéma des deux pays vient de vivre une confirmation internationale avec Le Lion d’avenir pour le Marocain Farroukhi et son Grand voyage lors de la dernière Mostra et l’Afrique du Sud a décroché récemment l’Ours d’or de la Berlinale 2005 pour U Carmen (hors compétition ici à Ouaga). Mais l’Afrique du Sud, c’est aussi une représentation en force dans la compétition officielle avec pas moins de quatre films sur les vingt sélectionnés avec en particulier un excellent Lettre d’amour zoulou de Suleiman Ramdan que nous avons déjà vu à Carthage et où il avait raté de près le Tanit d’or et aussi Drum de Zola Masseko, une reconstitution historique d’une histoire inspirée d’événements réels durant les années cinquante. C’est le récit d’une investigation journalistique menée du double point de vue, celui du journaliste noir Nxumalo et de son ami blanc, reporter photographe du même journal. Une mise en scène brillante marquée par les codes de genre hollywoodien (surtout la première partie avec les scènes de combat de boxe). Une thématique de la mémoire qui développe un autre point commun avec l’expérience marocaine.
Le Maroc compte deux films en compétition. Le Grand voyage se présente comme un concurrent sérieux même si avec les jurys il faut s’attend77ème palmarès des Oscars.
Le Maroc l’a déjà remporté à deux reprises avec les Mille et une mains (1973) de Souheil Benbarka, le plus africain de nos cinéastes, actuel président du jury 2005 et une deuxième fois en 2001 avec Ali Zaoua de Nabil Ayouch.
Le mardi a vu également le début des travaux du colloque Formation et enjeux de la professionnalisation, thème principal de cette édition à un moment où le cinéma au sein du paysage de la circulation des images connaît de vastes mutations.
A Ouaga, sous une chaleur torride, films, rencontres et débats scrutent l’horizon d’un continent qui vit des conditions générales très difficiles.
Mohammed Bakrim - Libération
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