Le séisme survenu dans la province d’Al Haouz vendredi 8 septembre pourrait entrainer une multiplication des mariages de mineures, craignent les femmes sinistrées dormant désormais avec leurs filles sous des tentes dans des camps.
Ils sont 150 jeunes et moins jeunes à vivre une situation d’errance au port de Tanger. Un chiffre promis au double à terme, si des actions d’accompagnement ne sont pas diligentées. Il résulte d’une enquête menée par l’Unicef en coordination avec l’Institut national d’action sociale, INAS. L’étude, qui devait être présentée hier mercredi 25 juin à Tanger, s’assigne pour objectif d’apporter un éclairage sur ces enfants qui cultivent le projet de traverser un jour le détroit. Leur présence au port ne peut laisser indifférent, tant leur condition de précarité est dramatique. Ils squattent les môles et autres aires de stockage et stationnement dans l’ultime dessein d’émigrer dans une remorque ou sous les essieux d’un bus.
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 65 acteurs, dont 28 enfants, une dizaine de familles, des associations et des experts locaux. Elle a permis d’être au fait de « l’extrême gravité de la situation de cette population à prédominance enfantine. Car, si la moyenne d’âge varie de 13 à 16 ans, les enquêteurs ont rencontré des enfants de 10 ans. Plus grave encore, cette population se féminise de plus en plus. L’élément féminin y représente, en effet, près de 15% alors qu’il était pratiquement absent du lot. « Même si elles s’habillent comme les garçons, les filles sont plus exposées aux agressions physiques, voire sexuelles », relèvent les enquêteurs.
L’enquête permet aussi de casser certains clichés. Contre toute attente, 8% des enfants interviewés n’ont jamais fréquenté l’école. Et « la majorité ayant abandonné l’école au cours de la sixième année fondamentale », précise l’enquête. Abandon, souvent précédé par l’absentéisme. Un mineur originaire de Tanger affirme même poursuivre ses études « tout en guettant sa chance au sein du port ». Mais dans l’ensemble, ces mineurs comptent à leur actif d’autres expériences avant d’avoir penser à squatter le port. Plus de 75% sont passés par le marché du travail, une expérience qui n’a pas toujours été heureuse : travail au noir, mal payé, sans aucune couverture.
L’enquête a aussi permis d’établir l’étalement en durée des projets de migration de ces mineurs. 27% des interviewés sont dans cette situation depuis plus d’une année et 8% plus de 4 ans. La précarité de la situation est proportionnelle à la durée d’attente, constatent les enquêteurs. Certains, contraints par l’extrême dureté de la vie, seraient disposés à abandonner leur fou projet et revenir chez eux. Mais, selon l’enquête, un travail de médiation est nécessaire.
De plus, une aide, via une insertion professionnelle de qualité pour accompagner le retour de ces jeunes dans leur bercail, est incontournable.
Survivre
Dure, dure la vie de ces enfants du port. A maintes reprises, ils ont exhibé les stigmates laissés par les agressions tant physiques que sexuelles qu’ils ont subies. Sans oublier la saleté et la malnutrition qu’ils endurent. Conséquence pour certains d’entre eux : le refuge dans la consommation d’alcool et des drogues. A signaler que la majorité est issue de famille nombreuse sans ressources ou à revenu très modeste. D’autres sont le fruit de ménages brisés ou ayant perdu leurs parents suite à des accidents.
Source : L’Economiste - Ali Abjiou
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