Quelque 431 000 migrants, dont 31 000 Marocains, ont été expulsés du territoire de l’Union européenne (UE) en 2022, selon un récent rapport d’Eurostat intitulé « Migration et asile en Europe 2023 ».
L’émigration clandestine fait gagner beaucoup d’argent. Bien plus que le trafic de drogue. Le numéro deux du ministère de l’Intérieur espagnol vient de le confirmer encore une fois devant le parlement de son pays.
Le secrétaire d’Etat à la Sécurité, Ignacio Astarloa, a, en effet, assuré devant la Chambre basse du parlement que “les mafias de trafic des vies humaines brassent beaucoup plus d’argent que les trafiquants de drogue”. Le responsable espagnol n’a pas donné davantage de précisions.
Il reste toutefois que c’est un trafic très florissant et ne cesse de prendre de l’ampleur. L’on ne connaît pas le volume exact du trafic, mais l’on peut moins difficilement dénombrer ses victimes. Et les macabres statistiques relevées régulièrement dans la zone du Détroit en sont l’une des conséquences les plus directes et les plus tragiques. En cette année, pas moins de 236 personnes, y ont perdu la vie en tentant de joindre les côtes espagnoles.
Mais au-delà de cette approche sécuritaire prônée par les autorités espagnoles, les associations de défense des droits de l’Homme soulèvent une autre question non moins préoccupante : celle de la violation systématique des droits des personnes déjà abusées par ces mafias de trafic des vies humaines et arnaquées par leurs réseaux de rabatteurs.
Dans un récent rapport rédigé par l’organisation non gouvernementale, APDHA, Association de défense des droits de l’Homme en Andalousie, il a été fait état de sérieuses violations des droits de l’Homme à l’encontre des candidats à l’émigration illégale. Cette question de respect des droits de l’Homme, affirme l’ONG, a simplement été écartée dans le traitement du problème de l’émigration.
L’ONG condamne en outre “les politiques de fermeture de frontières exercée par l’Union européenne qui est en train d’entreprendre avec des moyens humains et techniques de plus en plus sophistiqués aussi bien sur les côtes andalouses que celles des îles Canaries”. Pour l’ONG, ce sont ces politiques qui sont à l’origine de la violation des droits humains de ces candidats à l’émigration clandestine.
Par ailleurs, et selon les responsables du département de l’émigration et de l’extraniété, le gouvernement espagnol se penche actuellement sur la question des émigrés illégaux se trouvant sur son territoire. Les responsables du département ont déjà commencé par écarter l’idée de l’ouverture d’une nouvelle opération de régularisation. Celle-ci ne saurait avoir pour résultat qu’un ; fort “effet d’appel”, affirment-on auprès dudit département. D’autant plus qu’une telle opération concerne près d’un million d’émigrés clandestins qui vivent actuellement en Espagne selon des chiffres estimatifs avancés par Gonzalo Robles, délégué du gouvernement chargé de l’émigration et l’extranéité.
Le gouvernement devrait donc se contenter de solutions aléatoires. Ainsi, annonce le même responsable, le gouvernement s’est engagé pour la création seulement de quelque 10.000 nouveaux emplois stables pour les émigrés et 20.000 postes temporaires au titre de l’année 2004.
Libération
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