Dans une vidéo publiée sur internet par quatre ONG défendant la cause animale, on voit la souffrance d’une montbéliarde, en décembre 2019, au Maroc, rapporte Le Progrès. La description de la vidéo se résume à : « Le museau en sang, la vache a les yeux recouverts par un sac de toile et est attachée à une bétaillère. Le reste de la vidéo montre également un veau, avec un seau sur le museau pour l’empêcher de téter sa mère ».
« Aucune loi ne protège les animaux au Maroc. La situation sur les marchés et les abattoirs y est catastrophique », affirme Héléna Bauer, auteur des images et chef de projet chez Animals’Angels. Elle explique que les exportateurs français et européens prétendent que les animaux qu’ils exportent en Afrique sont bien traités, car ils sont destinés à la reproduction (comme les génisses) et non à l’abattage. « Or, nos enquêtes montrent que tous finissent leur vie dans les mêmes souffrances sur les marchés aux bestiaux et dans les mêmes abattoirs », alerte Mme Bauer.
Adeline Colonnat, de l’association Welfarm, qui participe à la campagne renchérit. « C’est avéré, c’est connu. À chaque fois que nous y allons, nous voyons les mêmes images, tant dans les transports que sur place. Nous avons alerté le ministère de l’Agriculture, à ce sujet. Pas de réponse. Nous demandons que les animaux qui sont exportés aient les mêmes droits qu’en France. C’est de la pure hypocrisie. En Allemagne, certains Lander ont interdit l’exportation de bétail vers les pays qui ne respectent pas la même réglementation », insiste-t-elle.
Nicolas Perrodin, éleveur et président d’Eva Jura, structure en charge de la sélection génétique, vente, contrôle laitier, insémination, prévention sanitaire autour des troupeaux de vaches allaitantes, contredit les allégations des ONG. « Les images montrent une seule montbéliarde filmée. On ne sait pas où ni quand. Et cela prend des proportions incroyables. Il faut être raisonnable, fustige-t-il. Nos bovins ont bien plus de valeur dans les pays du Maghreb que chez nous ».
« Dans le cas des génisses gestantes, qui produisent du lait, les éleveurs de ces pays viennent ici choisir les bêtes qu’ils veulent. Ce n’est pas pour les maltraiter ensuite. Le Maroc souhaite l’autonomie laitière. Ses éleveurs n’ont aucune raison de ne pas bien s’occuper de leurs troupeaux, s’ils veulent bien produire du lait. Je suis allé juger sur place. Et j’ai vu leur volonté de bien faire leur travail », assure-t-il.