Paris : peine clémente pour l’épouse marocaine d’un djihadiste français
La cour d’assises spéciale de Paris a condamné la Marocaine Latifa Chadli, 40 ans, épouse d’un djihadiste toulousain, pour association de malfaiteurs terroriste (AMT).
Quatre-vingts femmes majoritairement belgo-marocaines ont quitté la Belgique pour la Syrie pour faire le djihad. Aicha Bacha, docteure en sciences sociales et politiques à l’Université libre de Bruxelles qui a rencontré trois d’entre elles dans le cadre d’une enquête assure que le djihad de ces femmes était « le djihad du sexe ».
Elles ont toutes les trois un parcours similaire. L’une a raconté à Aicha Bacha que son mari qu’elle avait accompagné en Syrie est décédé peu de temps après leur arrivée dans le pays. Difficile pour elle de rentrer en Belgique. Résignée, elle se remarie là-bas avec un homme venu des Pays-Bas. C’est le début d’un calvaire. Ma mission consista « à faire le ménage, à m’habiller comme il faut et à prendre soin de mon nouveau mari et répondre à ses besoins (surtout sexuels) quand il revenait des combats », raconte-t-elle. « J’avais l’impression que je ne servais parfois que d’objet sexuel. Mon devoir d’épouse m’obligeait à supporter tout cela », explique-t-elle à Aicha Bacha.
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L’aventure commence de la même manière pour la deuxième jeune femme. Elle perd son mari et en épouse un autre. Seule différence, celui-ci était déjà marié. Considérée « comme une voleuse de mari », elle fut maltraitée, battue par l’autre épouse et par sa mère, ainsi que par le mari. Selon ce dernier, elle « ne remplissait pas son devoir en n’obéissant pas aux autres femmes quand il n’était pas là. » Elle réussit à s’enfuir et à rentrer à Bruxelles, « handicapée à 60 % ». Sa famille et son entourage la considèrent comme une femme perdue, « sans valeur », qui « n’a plus de vie devant elle ».
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La troisième perd, elle aussi, son mari en Syrie. Mais celui-ci est mort « en martyr », dans un attentat-suicide. Ne pouvant plus être utile au combat après avoir perdu une jambe, Daech l’envoie se faire exploser. Aidé par une Française, la Belge rejoint Bruxelles via la Turquie. Incarcérée quelques mois, elle sort de prison, avec l’espoir de devenir institutrice. Un espoir douché en raison de son casier judiciaire. La Fédération Wallonie-Bruxelles « ne confie pas des enfants à celles qui ont été condamnées en correctionnelle » pour « départ en zone de guerre interdite accompagné d’un terroriste ». Elle réussit tout de même à décrocher un emploi dans une agence de voyages et tente de refaire sa vie. Mais « les séquelles de ce qu’elle a vécu en Syrie restent toujours là, malgré tout ».
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Au dire d’Aicha Bacha, les femmes partaient en Syrie en quête de « l’attrait d’un monde meilleur, sans hypocrisie ». Mais Daech « les transformait en recruteuses, en propagandistes et en objets de plaisir », assure celle qui a réalisé l’enquête « Le djihad en héritage sur le territoire belge » dont un premier volet a été présenté par La Dernière Heure.
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