Histoire du dernier détenu marocain dans la prison de Guantanamo

Interpellé en Afghanistan par les forces de l’OTAN suite aux attentats du 11 septembre 2001, Abdellatif Nasser a passé 18 ans dans la prison militaire américaine de Guantanamo, sans avoir jamais fait l’objet d’un procès équitable.

La dernière fois que son frère Mustapha l’avait vu remonte au milieu des années 1980, quand il l’avait rejoint en Libye pour préparer son voyage pour l’Australie. Parti au Soudan, puis en Arabie saoudite, Abdellatif avait promis à sa famille de rentrer au Maroc dès qu’il aura en sa possession quelques économies.

"Nous sommes restés sans nouvelles de mon frère pendant près de quatre ans", se rappelle Mustapha. "En 2001, nous avons reçu la visite des membres de la Croix-Rouge qui nous informaient qu’Abdellatif a été incarcéré dans la prison de Guantanamo après les attentats du 11 septembre".

Il aurait été arrêté par les forces de l’OTAN en Afghanistan, puis torturé et transféré aux États-Unis contre une somme d’argent, avait-il affirmé à l’organisation britannique, Reprieve, qui assurait sa défense auprès des instances juridiques américaines.

Après un passage de 3 mois dans la prison de Kandahar, le prisonnier a été transféré sans jugement à Guantanamo, où il a subi les pires tortures jusqu’en 2016, période pendant laquelle il a été déclaré mort, ajoute l’organisation britannique.

Bien qu’il ait été autorisé par 6 agences d’investigation américaines à quitter le pénitencier en juillet 2016, Abdellatif Nasser n’a jamais pu être libéré et extradé au Maroc. En novembre 2016, Donald Trump a gagné les élections américaines et les espoirs du détenu marocain étaient réduits à néant avec la signature du nouveau décret annulant celui de Barack Obama qui prévoyait de fermer cette prison décriée par les défenseurs des droits de l’homme.

Très cultivé et passionné de lecture, Abdellatif Nasser a réussi à rédiger un dictionnaire bilingue de 2 000 mots en arabe et anglais, qui avait connu un grand succès auprès des détenus et des gardiens de la prison.