Les Marocains d’Al Qaïda font de nouveau parler d’eux. Cette fois en Europe. Les arrestations menées aussi bien aux Etats-Unis et en Europe qui visaient, depuis plus de deux ans déjà, peu après le 11 septembre, ne s’interrompent que pour reprendre de plus belle. A chaque fois, des Marocains sont pointés du doigt. Les accusations se suivent et se ressemblent.
Il s’agit dans la plupart des cas d’appartenance au réseau de Ben Laden et de préparation d’attentats terroristes. Le Français d’origine marocaine Zacarias Moussaoui est le premier inculpé en liaison directe avec les attentats du 11 septembre. Arrêté en août 2001 et emprisonné aux Etats-Unis, il est accusé de complicité dans leur préparation.
Marocain de nationalité, un présumé terroriste du nom d’ Abdellah El Mardoudi, présenté également comme étant un expert dans la sécurité aéroportuaire, est également arrêté le 5 novembre dernier en Caroline du Nord. Il est soupçonné d’être à la tête d’une cellule terroriste salafiste proche de Ben Laden, et qui aurait fourni à son organisation un précieux soutien matériel et logistique lors des attentats du 11 septembre 2001.
Deux de ses co-accusés sont également des Marocains. Il s’agit de Karim Koubriti et Ahmed Hanan, arrêtés pour avoir apporté soutien et appui à Al Qaïda, notamment en fournissant de faux visas et permis de séjour.
Sur la liste des Marocains de Ben Laden figurent également des marocains d’Europe. Mounir Al Motassadeq, arrêté en Allemagne, est accusé de « complicité de meurtre dans au moins 3116 cas ». Ce dernier réfute toutes les accusations portées contre lui. La justice allemande, elle, affirme qu’Al Motassadeq est entré en contact à Hambourg en « 1995 ou 1996 » avec Mohammad Atta, considéré comme le leader des 19 kamikazes du 11 septembre. C’est ce qu’on a appelé « La cellule de Hambourg ». Étudiant en électrotechnique, père d’un enfant, il était un « élément essentiel » du groupe qui s’est radicalisé à partir de novembre 1998. Les enquêteurs allemands pistent à l’époque un groupe de huit personnes provenant du Maroc, d’Afghanistan, d’Egypte.
L’Italie abritait aussi un autre noyau de l’islamisme à la façon Al Qaïda.
Le principal réseau démantelé reste celui du « groupe salafiste pour la prédication et le combat ».
Des Marocains sont également impliqués. Après plusieurs mois d’écoutes téléphoniques, la police antiterroriste italienne (Digos) réussit à démanteler, dès avril 2001, une cellule de quatre Tunisiens. Ce groupe était surtout essentiel à Al Qaida pour la fourniture de faux documents qui permettaient aux militants de circuler librement en Europe. Dans cette même enquête, le Marocain Yassine Chekkouri, bibliothécaire à Milan, tombe aux mains de la justice en novembre 2001. Les Italiens y voyant une annexe du réseau de soutien logistique de Ben Khemais. Quatre jours plus tôt, l’Italie démantèle une autre cellule du GSPC : quatre Marocains qui s’apprêtent alors à commettre des attentats.
Pendant la même période, deux frères marocains, Mohamed et Saïd Kazdari sont condamnés pour avoir livré de faux passeports et cartes d’identité. Mais il faudra attendre juillet 2002 pour qu’un large réseau soit épinglé, la Digos mettant cette fois la main sur environ 400 fausses pièces d’identité. Des noms auxquels d’ajoutent bien d’autres, dont celui de Jamal Zougam, reconnu par au moins deux témoins, passagers de l’un des trains frappés par les bombes en Espagne. Par ailleurs, la police rechercherait cinq autres Marocains qui auraient eux aussi participé directement à l’attentat en posant les bombes dans les trains. L’arrivée à Madrid de spécialistes antiterroristes marocains confirme que la « piste marocaine » est suivie en priorité par les enquêteurs espagnols. Ceux-ci vérifient les liens de Jamal Zougam avec des personnes détenues au Maroc et en Espagne pour les attentats de Casablanca qui avaient fait 45 morts le 16 mai 2003.
Par : Tarik QATTAB pour Aujourd’hui le Maroc